Mike Ward est unique dans l'univers québécois de l'humour. Pas seulement à cause de son style inconvenant, des blagues obscènes et grivoises qu'il débite les unes après les autres ou des histoires scabreuses racontées avec une immoralité si déconcertante qu'on est mort de rire à cause de leur caractère saugrenu.

Il est unique parce qu'il choque sur des sujets qui sont sensibles dans l'aire publique et qui pourtant se nourrissent bien de nos sphères privées.

Révélateur de nos petites hontes, de nos pensées les plus primaires et de nos peurs d'être jugés par les autres, il dit tout haut ce que bien du monde pense, dit ou fait tout bas, exprimant ainsi les côtés obscurs des sentiments et des actes humains.

Pour éviter toute ambiguïté, il aime choisir son public. Ainsi, le programme Pedophile Jokes and Death Threats qu'il présente en anglais aux Katacombes jusqu'à samedi ne comprend que peu de blagues sur la pédophilie et, bien sûr, il ne menace personne de mort.

Il a expliqué en ouverture que s'il a opté pour ce titre c'est parce qu'il ne voulait pas que «des gens plates» assistent à son show! Puis, il a immédiatement fait une blague sur les enfants attardés, racontant qu'une spectatrice lui avait dit par la suite que son fils avait un retard intellectuel et que l'enfant n'apprécierait sûrement pas son humour déplacé.

«Évidemment, s'il est attardé, il ne risque pas d'apprécier!»

Puis, il a rappelé la blague qu'il avait faite en 2009 à propos de la disparition de la jeune Cédrika Provencher et qui lui avait valu une ovation debout mais aussi un article du Journal de Montréal qui critiquait son allusion.

«Au début, a-t-il lancé, les gens ont dit que je me moquais d'une petite fille kidnappée, puis c'est devenu Mike Ward se moque des victimes de rapt et finalement c'est devenu Mike Ward a kidnappé la petite fille! Ma femme l'a d'ailleurs très mal pris, elle qui était au sous-sol avec la petite fille!»

Mike Ward a ensuite ri de la violence faite aux enfants. «Ne frappez pas vos enfants, louez-en un pour frapper le vôtre!»

Il a ensuite fait des blagues sur les handicapés et sur la crise étudiante, racontant qu'il soutenait les étudiants, qu'il était d'ailleurs allé sur le pont Jacques-Cartier lors d'une manifestation... mais dans sa voiture! «Je leur disais par la fenêtre: «C'est bien! Continuez! F--k Charest mais... bougez, là! Et ne touchez pas à mon char! Bandes de communistes!»

Il évoque ensuite ses expériences sexuelles en bas âge, ses visionnements de films pornos gais avec sa blonde («Deux pompiers qui ont du sexe ensemble, s'il y a un feu, on est en danger!»).

S'ensuivent des extraits de son show précédent, Mike Ward s'eXpose, comme par exemple lorsqu'il raconte avoir pris un jour deux pilules de Viagra avant d'aller au restaurant avec sa blonde... un épisode très drôle dont les détails sont impossibles à citer dans ce journal. Les spectateurs, majoritairement francophones a fait remarquer Mike Ward en demandant aux gens de s'identifier, ont beaucoup apprécié cette succession d'anecdotes salaces, même ceux qui ont dû, devant tout le monde, avouer quelques-unes de leurs pratiques sexuelles les plus intimes...

Il n'y a que Mike Ward pour susciter de telles révélations sans provoquer de gêne. Mais le public est averti et sait bien qu'il ne pense pas un mot de ce qu'il dit..

Pedophile Jokes and Death Threats

Jusqu'à samedi, 19h30 aux Katacombes