Le 4e festival Just For Laughs (JFL) de Chicago a pris fin hier soir après une semaine de festivités où près de 65 spectacles ont été donnés par une centaine d'humoristes des quatre coins des États-Unis.

Reconnue pour la beauté de son architecture et son festival de blues, Chicago peut maintenant se vanter d'avoir tout un festival consacré à l'humour.

Pour Gilbert Rozon, président de Juste pour rire, le choix de Chicago, il y a quatre ans, pour s'implanter aux États-Unis est en grande partie dû à un heureux hasard.

«Je voulais absolument faire un festival aux États-Unis, et on avait déjà eu deux expériences ratées à Aspen et à Las Vegas. En discutant avec TBS, notre partenaire dont les bureaux sont à Atlanta, on s'est aperçu qu'on aimait beaucoup Chicago et que cette ville était aussi au milieu de nos bureaux et bien sûr, des États-Unis! Sur place, notre partenaire, JAM, une grosse compagnie de production américaine, nous a montré des salles comme le Chicago Theater, et on est complètement tombé amoureux!», explique Gilbert Rozon.

Le hasard semble bien faire les choses puisque Chicago est aussi la 3e ville des États-Unis et jouit d'une tradition en humour qui ne date pas d'hier. Avec notamment le Second City, la ville des vents est reconnue depuis plusieurs décennies pour développer de nombreux talents en humour: les Bill Murray, Steve Carell, John Belushi, Chris Farley et Tina Fey sont tous passés par là avant de connaître le succès.

Grosses pointures

Si JFL comptait déjà dans sa programmation de gros noms au cours des dernières années comme Ellen Degeneres ou Louis C.K., on pouvait cette année y croiser des pointures de l'humour américain comme Adam Sandler, venu présenter son plus récent film, That's My Boy, Sarah Silverman, Jeff Ross, Conan O'Brien, John Oliver et l'acteur Vince Vaughn.

«On comprend mieux la ville et sa culture. Mon équipe a trouvé les bons théâtres et on commence vraiment à faire partie du paysage de Chicago», précise le président de Juste pour rire.

«Le plus important dans la programmation, c'est quelle soit adaptée au public de chaque ville. Chicago a une grande tradition de stand up, sketchs et d'improvisation et cette communauté a maintenant une grande place dans notre festival», ajoute fièrement Bruce Hills, chef des opérations de Just For Laughs.

Nouvelle formule à Toronto

Après avoir pris une pause pendant un an, Just For Laughs sera de retour en septembre à Toronto avec un tout nouveau concept, Just For Laughs 42, un festival 50% humour et 50% multidisciplinaire auquel on pourra uniquement assister en achetant une application par téléphone intelligent.

«Toronto était le clone, en moins impressionnante de Montréal, ce qui était loin d'être suffisant pour le second marché du pays! Alors on a eu l'idée de JFL 42. On programme 42 évènements et on peut seulement accéder au festival avec une application passeport. Pour 99$, vous devrez choisir quatre spectacles. Puis chaque semaine, on annoncera de nouveaux shows, mais vous devrez aller voir votre premier spectacle pour pouvoir en sélectionner un 5e, puis voir le second pour réserver le 6e, etc.», explique Bruce Hills.

Les festivaliers ayant acheté ce passeport vont ainsi constituer une communauté qui pourra, selon ses intérêts, faire transiter un artiste d'une petite salle à une plus grande.

«Ça va être une expérience qui ne sera pas parfaite, mais ce qu'on a voulu créer, c'est un festival où les fans ont une interaction et ont un impact sur la programmation du festival», précise Bruce Hills.

«Ce n'est pas un McDonald, on ne peut pas en faire des clones de Montréal. Il faut être très attentif à chaque fois au modèle économique et au fait de donner une personnalité à chacune des villes, tout en gardant en tête que Montréal est le vaisseau amiral», conclut Gilbert Rozon.



Un samedi soir à JFL

> 19h30 - Samedi soir, à Chicago, le festival Just For Laughs battait son plein et accueillait sur les planches du mythique Chicago Theater Sarah's Choice, un spectacle présenté par l'irrévérencieuse, vulgaire et politiquement engagée Sarah Silverman. La comédienne qui a fait ses débuts à Saturday Night Live avait invité sur scène Kyle Dunnigan, l'excellente Natasha Leggero, Reggie Watts ainsi que Marc Maron et Hannibal Buress, deux humoristes à ne pas manquer au Just For Laughs en juillet, à Montréal. Une soirée dans la plus pure tradition du stand up à l'américaine, présentée dans l'un des temples de l'humour de Chicago, une salle de 3400 places, dont les murs des coulisses sont tapissés de signatures d'artistes comme Dean Martin et Frank Sinatra.

> 22h - Plus intime (750 places) et dans un style comedy club, Park West recevait samedi soir Jeff Ross, le roi du bien cuit qui a déjà fait passer sur le grill Hugh Hefner, Pamela Anderson, Donald Trump et Charlie Sheen. C'était au tour de Chicago et de ses habitants de passer un mauvais quart d'heure. «Chicago hasn't been roasted so bad since it burned in 1871», a lancé l'humoriste sur scène. «On arrive toujours un peu plus tôt et on mène notre petite enquête sur chaque ville pour faire un spectacle taillé sur mesure. Les gens s'habillent en conséquence pour aller voir mon spectacle en portant les couleurs de leur ville», a expliqué Jeff Ross à La Presse avant sa performance. L'humoriste a pris à partie une dizaine de spectateurs pour leur faire vivre un bien cuit de 15 secondes. «Certains repartent en riant, d'autres en pleurant», s'amuse-t-il. Jeff Ross a réglé leur compte l'hiver dernier aux villes de Vancouver, Toronto et Winnipeg dans le cadre de sa tournée canadienne. Il a coscénarisé The Comedian, un film qui sera réalisé cette année par Sean Penn avec Robert de Niro et Kristen Wiig.

Photo: fournie par Jason Kempin, WireImage Just for Laughs

Plus intime, Park West recevait samedi soir Jeff Ross, le roi du bien cuit.