Ce soir, Claude Legault deviendra le 50e acteur intronisé au Temple de la renommée de la LNI. En entrevue à La Presse, le comédien et auteur revient sur le rôle qu'a joué l'impro dans sa carrière.

Tout a commencé au début des années 1980 au cégep Montmorency de Laval. Élève en sciences pures, Benoit Chartier fait passer une annonce dans le journal étudiant qui invite les adeptes d'improvisation à le rencontrer pour former une ligue.

«La mauvaise nouvelle, c'est qu'il n'est venu qu'une seule personne. La bonne nouvelle, c'est que c'était Claude Legault!», lance le scénariste qui, au fil des ans, est devenu un bon ami de Legault, au point où ce dernier a donné le nom de Benoît «Ben» Chartier au personnage qu'il incarne dans la télésérie 19-2.

Les deux compères ne sont pas restés seuls très longtemps. Ils ont recruté d'autres élèves, ont fondé le Mouvement d'improvisation de Montmorency (MIM) et joué leurs premiers matchs dans le local B-1407, appelé Le trac. Ils y retournent encore chaque année pour aider les jeunes improvisateurs à amasser des fonds.

Avec les années, Chartier a amélioré son écriture et Legault, ses talents d'improvisateur. Ce soir, au Stade olympique, Legault verra lui aussi son étoile accrochée au firmament du Temple de la renommée de la LNI, où il a joué pendant huit saisons.

L'hommage est d'autant plus intéressant que le comédien estime que sa carrière est attribuable à l'improvisation. Sans s'enfler la tête, il sait bien qu'il excelle dans le domaine. «Lorsque j'ai fait partie de la Ligue universitaire d'improvisation (LUI), j'ai littéralement explosé, relate Claude Legault. Je n'arrêtais pas de marquer des points. Et je voulais jouer plus que jamais. J'écoutais les matchs de la LNI, où j'aimais les Noirs. J'ai achalé Louis Saïa [entraîneur] durant trois ans pour faire partie de son équipe. Il a fini par venir me voir dans un match de finale où on a gagné et au terme duquel j'ai remporté trois trophées. Ça m'a un peu aidé (rires). Il m'a rappelé et m'a donné le chandail numéro 3 qu'avait porté Robert Lepage.»

«Claude, c'est Wayne Gretzky, dit Benoit Chartier. Il sait tout faire. Il est vite et réagit très rapidement. Il bouge beaucoup. Il mime des choses. Il fait du vélo, de la planche à voile... Et il est excellent pour imiter des animaux, particulièrement des chats. Et c'est un joueur d'équipe, plus qu'un gars de solos.»

Besoin du public

Ce qui fait de Claude Legault un si bon joueur d'improvisation, c'est aussi le public. Ah, le public! Il en parle avec affection comme d'un grand amour. Il aime les gens. Il aime les faire rire.

«Le public, c'est ton encre, dit-il. En répétition, je suis plus mou, mais devant le public, je m'allume. J'ai besoin de sa présence. On carbure à ses réactions.»

C'est pour cela que Claude Legault songe à retourner sur les planches avec un spectacle solo. «La scène me manque, confie-t-il. J'ai souvent des rôles sérieux, mais j'aime aussi faire des pitreries. J'adore m'amuser et faire rire les gens. Et j'aime faire un éditorial, botter des derrières.»

Le comédien estime avoir appris l'essence de son métier dans l'impro. «Ça m'a appris l'écriture spontanée. Tu écris tes lignes en même temps que tu joues», expose-t-il. Cette façon de faire l'a servi dans d'autres situations. «Avec Podz, c'est comme ça. On tourne une scène et s'il ne dit pas coupez, je continue. Il te laisse faire. L'improvisation m'a autant aidé dans le jeu dramatique que dans l'humour.»

Claude Legault a joué avec plusieurs adversaires redoutables... dans le bon sens du terme. Des échanges épiques, il en a eu avec les Martin Drainville, Sylvie Legault, Luc Guérin, Claude Laroche, etc. «On ne craint pas les bons joueurs, dit-il. Par contre, je n'aimais pas lorsqu'un joueur n'entrait pas dans l'univers que créait son adversaire. Je trouve que ça manque de générosité. Si je dis qu'il pleut et qu'il tonne, le joueur adverse doit en tenir compte.»

- Pourriez-vous revenir à l'improvisation?

- Non. Pour moi, cela a quelque chose de négatif, dit-il. C'est comme reculer. Et j'ai été rassasié de ce jeu-là. Mais aujourd'hui, on a de nouveaux jeunes joueurs formidables.»