Le «fascinateur» a conquis le Casino de Paris et hypnotisé Jamel Debbouze en coulisse. Il reviendra à Paris l'automne prochain pour trois semaines.

On peut déjà prendre les paris: Messmer sera l'une des vedettes grand public en France l'automne prochain. Son passage, dimanche après-midi au Casino de Paris, dans le cadre du festival Humour en capitales, n'était qu'un test, même si le «fascinateur» a manifestement subjugué les 1500 spectateurs. Le genre de triomphe qui pourrait être sans lendemain. Mais, en réalité, ce n'était que le premier tour de chauffe d'une énorme machine, qui tournera à plein régime dès la rentrée de septembre. Avec de gros atouts dans son jeu.

Le producteur Éric Young avait déjà transformé un hypnotiseur confidentiel en superstar en un temps record au Québec. Il a de nouveau réuni tous les ingrédients pour réussir l'exploit en France. m6, la «petite» chaîne privée qui a la cote depuis quelques années, est devenue un partenaire majeur depuis qu'elle a programmé une émission spéciale Messmer d'une heure en décembre dernier. Une nouvelle émission de 80 minutes, dont plusieurs sketchs sont tournés ces jours-ci à Paris, est annoncée pour le mois de septembre, avec une audience virtuelle de trois ou quatre millions de téléspectateurs. Dans la foulée, l'hypnotiseur occupera pendant trois semaines une grande salle parisienne, qui pourrait être le Bataclan avec ses 1000 places.

On a beau chercher trace de Messmer dans les journaux français des derniers mois, on ne trouve pratiquement rien. Mais l'apparence est trompeuse. Le buzz est déjà en marche. Jamel Debbouze, qui est l'une des personnalités les plus populaires en France, l'a invité à son Jamel Comedy Club.

Une invitation a suivi au Grand Journal de Canal +, où Charlotte Le Bon s'est retrouvée sous hypnose. Entre-temps, l'émission sur m6 avait attiré quelque trois millions de spectateurs. Et finalement, Éric Young a conclu une association avec la maison Robin & Co, devenue célèbre avec les productions de séries-cultes comme Caméra Café et Kameloot. Messmer se trouve en très bonne compagnie avant même le début de la grande offensive d'automne.

Dimanche après-midi, donc, un Casino de Paris quasiment complet, envahi par un public populaire: des spectateurs d'avance gagnés à sa cause ou de simples curieux, sans doute attirés par les prestations télévisées des derniers mois. Un public rapidement subjugué par ce qui se passe sur scène, comme est forcé de le constater un spectateur voisin, venu en professionnel et peu porté sur ce genre de performance.

Même spectacle

Il s'agit presque du même spectacle qu'au Québec: «Plus exactement, c'est la 467e et dernière représentation de Messmer le fascinateur, explique Éric Young, car lorsque nous reviendrons en septembre, ce sera avec un nouveau spectacle, Intemporel.» On se contentera de dire que, à Paris comme à Montréal, le système fonctionne à la perfection.

Dès le départ, une quarantaine de spectateurs se portent volontaires. Une trentaine montent sur scène. Le maestro, d'un simple toucher de la main, élimine ceux qu'il juge «non-réceptifs», mais aussi les «simulateurs» potentiels. Il en reste 16, à qui Messmer fera connaître les affres des montagnes russes, du camping au pôle nord ou dans les nuées de moustiques. Il transforme une jeune fille en dauphin qui attrape les poissons au vol. Fait danser sur un air d'Offenbach tous les candidats qui, sur scène ou dans la salle, se remettront par la suite à danser le french cancan à chaque reprise de la musique.

Des spectateurs restent sceptiques: certains «cobayes» ont l'air d'en faire un peu trop. Mais quand, à la fin du spectacle, on demande à Patrick, un corpulent quinquagénaire qui s'est prêté à l'expérience, comment il se porte, il répond, le regard un peu vague: «Je ne sais pas, je me sens bizarre».

En coulisse

Au bar de l'arrière-scène, après le tomber de rideau, quelques «people» attendent l'apparition du héros. Parmi eux, l'humoriste-imitateur Gérald Dahan, qui avait piégé Ségolène Royal en 2007 en se faisant passer pour Jean Charest: s'il se montre «réceptif», il pourrait faire partie de l'émission pour m6. «Quand même, je reste dubitatif», dit-il. Une demi-heure plus tard, dans la loge de Messmer, il se retrouve bel et bien hypnotisé: «C'est incroyable, mais vrai, dit-il. Il paraît que j'étais plongé dans un sommeil trop profond, je ne bougeais, je me contentais de rêver».

Autre invité d'arrière-scène: le célèbre Jamel Debbouze, venu avec sa fiancée et qui, depuis l'automne dernier, est le meilleur soutien de Messmer. Il a vu des gens de son entourage hypnotisés, mais lui-même reste ironique. Vingt minutes plus tard, il est lui aussi étendu par terre dans la loge. «C'est sûr que nous le programmerons pour l'un des sketchs», dit Éric Young. Succès assuré.

«Tout le monde est hypnotisable, à condition d'y mettre du temps, nous explique Messmer. Mais dans une salle normale, dix pour cent des gens sont particulièrement réceptifs.»

Ce soir-là, pas question de s'attarder davantage: une petite soirée privée a été organisée à l'Olympia avec d'autres vedettes de la télé ou des variétés pour repérer les «réceptifs», ceux qu'on piègera, dans les semaines à venir, à leur insu bien entendu. L'hypnose est-elle un don? En tout cas, c'est un mystère. Qui fascine.