Jamais facile pour un humoriste de monter sur scène pour son premier spectacle solo. Très bon communicateur, animateur brillant de Taxi payant et Atomes crochus, Alexandre Barrette s'est jeté à l'eau, mardi soir au Théâtre St-Denis, avec son spectacle Alexandre Barrette...et personne d'autre, dix ans après avoir terminé l'École de l'humour. S'il s'en est assez bien tiré, la performance manquait toutefois un peu de consistance.

Alexandre Barrette a la même facilité d'élocution qu'un Philippe Bond ou qu'un Grégory Charles. C'est un gars plaisant, charmeur, qui bouge bien sur scène et qui a de belles mimiques.

Il avait dit en entrevue à La Presse que sa force, c'était sa « facilité d'approche ». Et c'est vrai. Sauf qu'une fois qu'on s'est approché, il faut du contenu! Pour faire la différence entre être agréable et être drôle.

Il s'y est essayé pourtant, en nous parlant de ses parents, de ses grands-parents, de son frère, de son oncle, de son ex, de ses chums. Mais on est resté dans l'anecdotique, dans le répertoire des blagues collégiales, le péché des jeunes humoristes qui n'ont pas vraiment trouvé un filon porteur.

Il a beau jouer le ti-cul immature (« je suis un enfant », dit-il), à 30 ans on s'attend à un peu plus de profondeur que de faire battre ses narines, de vouloir faire rire avec « why not coconut » ou de nous raconter que son neveu pète dans sa nuque...

Le seul numéro qui ait passé la rampe en terme d'écriture est celui sur la pêche, une activité qu'il déteste et qu'il a décrite avec de belles trouvailles humoristiques. L'idée de se filmer sur scène et de faire participer le public était aussi intéressante.

Ceci dit, la mise en scène de Guy Lévesque est bien faite, un mélange de multimédia (des écrans derrière l'humoriste retransmettent des images reliées à ce qu'il dit) et de musique rock lors des changements de numéros.

Alexandre Barrette a dit avoir peur de vieillir et adorer la compétition. Comme défi, on ne peut que lui souhaiter de se nourrir l'esprit pour bonifier sa performance s'il veut faire carrière sur scène. Car il ne manque pas de talent.