Vous ne le connaissez peut-être pas encore, mais plus de 100 000 spectateurs l'ont déjà vu sur scène en première partie du spectacle de Rachid Badouri, Arrête ton cinéma. Eddy King entre dans la cour des grands et présente à partir de lundi son tout premier one man show sur les planches du Théâtre St-Denis.

Un spectacle mis en scène par Christian Viau (également script-éditeur), dans lequel il a choisi de raconter son parcours, entre Paris, Kinshasa et Montréal. «Le show apprend aux gens à me connaître. Je suis né en France et j'ai grandi en banlieue parisienne, dans une cité qui s'appelle Goussainville. Quand ma mère a quitté le Congo pour s'installer en France, elle était enseignante en psychologie à l'université, mais à son arrivée, on ne reconnaissait aucun de ses diplômes», explique-t-il. Eddy King parle aussi de son premier voyage dans son pays d'origine et en profite au passage pour faire un peu de géopolitique... à sa manière! Arrivé au Québec à l'adolescence en plein coeur du référendum de 1995, l'humoriste y va de son regard extérieur sur les enjeux de l'époque.

«Je parle politique et exprime ma vision des choses. J'étais aussi obligé de donner mes impressions par rapport aux clichés qui te collent à la peau, même si tu veux t'en débarrasser. Je suis moitié québécois, moitié français, moitié congolais! Je suis un homme et demi!»

Celui qui ne craint pas les stéréotypes s'amuse à déboulonner les tabous et s'attaque sans langue de bois au profilage racial.

«C'est surprenant ce que les gens peuvent dire. Une dame, un jour, m'a engagée pour son party de Noël. J'arrive à son bureau et elle me dit: J'adore ce que vous faites, c'est très coloré. Le thème de notre party est la glace au chocolat. Alors, vous comprenez pourquoi on a fait appel à vous! Elle a sorti un gros carton en m'expliquant que j'allais sortir d'une boîte de chocolat! Le pire, c'est que je l'ai fait! L'embrayage de ma voiture était brisé. Tout ça, c'est du matériel gratuit!», explique-t-il. Si son groupe de rap, Dögone Tribe, a été son premier mode d'expression à son arrivée au Québec, Eddy réalise quelques années plus tard que c'est en humour qu'il veut faire carrière. «J'avais besoin de m'exprimer différemment, le rap ne répondait plus à mes attentes. Il fallait que je me réinvente et j'ai voulu le faire d'une autre manière artistique avec l'humour», précise-t-il. Dès sa sortie de l'École nationale de l'humour, tout va très vite et dans les deux langues officielles. Eddy King rêve d'ailleurs de prendre d'assaut les scènes américaines. Mais en attendant, on le retrouvera avec son premier spectacle pour une tournée de 50 dates au Québec.

Si tu étais une chanson?

Fall In Love de Slum Village. Chaque fois que je l'entends, il y a une émotion qui me prend. On dirait que le refrain me rappelle à l'ordre. Ça donne: «Don't set to fall in love with the things you do», ce qui veut dire que parfois, il faut prendre le temps de ne pas être trop à fond dans son travail.

Si tu étais un vice?

Workaholic. Ça serait le meilleur que je pourrais être, je crois!

Si tu étais une personnalité qui a marqué l'histoire?

Patrice Lumumba. C'est celui qui nous a donné l'indépendance au Congo.

Si tu étais un plaisir coupable?

Du sucre, des bonbons! C'est mon péché mignon.

Si tu étais une guerre?

Je serais la guerre froide, une guerre sans prendre les armes. T'as un téléphone rouge et tu as peur qu'il sonne et tu ne sais pas si c'est les Russes qui vont nous faire exploser ou si c'est Batman qui appelle!

Qui serait l'invité d'honneur au souper de tes rêves?

J'irais bien à un souper avec Jill Scott. C'est une chanteuse que j'adore.

Quel est était ton premier livre et ton premier disque?

Le petit Nicolas. Et le premier disque que j'ai acheté, c'était l'un des premiers de Snoop Dogg. Je devais avoir 11 ans et ce n'était pas un très bon exemple!

La chose la plus folle que quelqu'un ait faite pour toi?

Une fois, une fan sur Facebook m'a écrit un message de deux pages pour m'expliquer à quel point elle n'était pas une groupie. J'ai trouvé ça assez marrant!

Quelle est ta citation favorite?

«Que dieu me garde de mes amis. Mes ennemis, je m'en charge.» Elle m'a toujours marqué, cette phrase-là.

Si tu ne pouvais plus pratiquer ton art, quel métier ferais-tu?

Je serais dans une cage et je me battrais dans le UFC.

Ce que tu détestes par-dessus tout?

L'hypocrisie et l'injustice, ça me fait vomir.

Quel est ton rêve le plus fou?

Être le prochain Chris Rock ou Eddie Murphy, mais est-ce si fou que ça? Remarque, rien n'est impossible. J'aurais pu dire marcher sur Mars, mais ce n'est pas si impossible que ça non plus. Guy Laliberté est bien allé dans l'espace.