Des jumeaux athlétiques suspendus par les mains au-dessus de l'auditoire. Des combats à la Batman sur le toit d'un vieil hôtel de New York. Des ballerines tout droit sorties du Paris de la Belle Époque. Le tout nouveau spectacle du Cirque du Soleil, Iris, plonge dans l'histoire du cinéma comme un enfant renverse une boîte à jouets.

Si l'aperçu présenté à Hollywood, hier, est fidèle au spectacle final, l'auditoire peut s'attendre à voir un spectacle inventif, éclaté et plus intime que les mégaproductions que le Cirque présente à Las Vegas.

Mis en scène par le chorégraphe français Philippe Decouflé, Iris sera présenté de façon permanente à L.A. à partir du 21 juillet. Le Cirque s'amène au Kodak Theatre, en plein coeur d'Hollywood, un endroit que tous connaissent en raison de la cérémonie annuelle des Oscars.

Les extraits du spectacle montrés aux médias hier laissent entrevoir un voyage éclectique dans le temps et l'espace. Le décor principal rappelle la naissance du cinéma français, à la fin du XIXe siècle, un hommage aux premières images en mouvement. Des hommes-caméramans se déplacent sur scène à la manière des scaphandriers tirés d'un roman de Jules Verne.

Un deuxième tableau a montré une bataille de gangsters et de policiers sur des toits de New York, où des trampolines dissimulés font bondir les protagonistes dans tous les sens.

La musique d'Iris a été composée par Danny Elfman, légende à Hollywood. Il est connu pour son travail avec Tim Burton et Gus Van Sant, notamment. Iris marque son premier projet avec le Cirque du Soleil. Certains des extraits entendus hier ont montré une préférence pour les instruments à cordes et les choix dépouillés qui se marient bien aux performances des athlètes.

En entrevue, M. Elfman dit être heureux de travailler sur un projet aussi varié qu'un spectacle du Cirque. «Je fais de la musique de film depuis l'âge de 19 ans, dit-il. Pour moi, le cirque est un nouveau défi. Ce que j'aimerais, c'est laisser ma marque sur cette production, que l'auditoire puisse y trouver quelque chose d'intéressant et de profond.»

Photo fournie par le Cirque du Soleil

Atmosphère intime

Présent au dévoilement d'Iris, hier, le président et chef de la direction du Cirque, Daniel Lamarre, a presque perdu son souffle dans l'avalanche d'entrevues télévisées qui l'a happé après la présentation.

«C'est difficile de ne pas se dire «wow» quand on voit l'intérêt que les gens de L.A. ont pour le Cirque, confie-t-il. C'est un défi pour nous de présenter un spectacle permanent à Hollywood, et c'est très agréable de voir que les gens accordent autant d'importance à ce qu'on fait. Nous sommes les petits nouveaux dans cette ville, la capitale mondiale du divertissement.»

C'est la performance du Cirque du Soleil à la cérémonie des Oscars, en 2002, qui a servi de bougie d'allumage au projet, dit-il. «Ce soir-là, nous avions eu une ovation debout. Le mariage entre les présentations visuelles et l'acrobatie a bien réussi. On s'est dit: «Il y a peut-être quelque chose à faire à Hollywood.»»

Haute technologie

Le Kodak Theatre n'avait pas la technologie nécessaire pour accueillir une production ayant la taille et la complexité d'un spectacle permanent du Cirque. Après des années, la Ville de Los Angeles a trouvé la majeure partie des 40 millions de dollars nécessaires pour transformer la scène en une plateforme haute-technologie. Le tout permet des changements de décor complexes, tout en gardant une proximité étonnante avec les spectateurs.

«J'ai été surpris par l'atmosphère d'intimité que le spectacle réussit à créer, dit M. Lamarre. Il y a beaucoup de technologie derrière une telle prouesse.»

Le Cirque du Soleil compte présenter le spectacle 368 fois par an, à raison de 2 représentations par jour. Le spectacle devra faire une pause de huit semaines pour la tenue de la cérémonie des Oscars, pause qui sera ultérieurement réduite à quatre semaines. «À terme, nous voulons présenter le spectacle 11 mois par an», dit Daniel Lamarre.

Quant aux spectateurs potentiels, il ne faut pas chercher bien loin pour les trouver: le Kodak Theatre et Hollywood Boulevard attirent déjà des dizaines de milliers de personnes par jour.

«Il y a 18 millions de personnes qui passent chaque année sur le trottoir devant le Kodak Theatre, dit M. Lamarre. Jusqu'ici, ils ne faisaient que prendre des photos. On espère qu'ils vont venir nous voir.»

Photo fournie par le Cirque du Soleil