Les sceptiques ont été confondus. Reportée à sept reprises depuis novembre 2010, la première de Spider-Man: Turn Off The Dark a finalement eu lieu, mardi soir, à New York. Une première qui n'a vraisemblablement pas répondu aux attentes des critiques new-yorkais.

Pour l'ouverture officielle de la comédie musicale la plus coûteuse de l'histoire de Broadway (70 millions de dollars), plusieurs personnalités ont défilé sur le tapis rouge dressé devant le Théâtre Foxwoods à Time Square.

Parmi elles, Bill Clinton, accompagné de sa fille Chelsea, Matt Damon, Robert DeNiro et Cindy Crawford.

Signe de la fin des hostilités? Julie Taymor y a aussi été photographiée en train d'embrasser le célèbre Bono, producteur de Spider-Man: Turn Off The Dark, qui a également composé la musique avec The Edge.

La visionnaire directrice artistique (virée du spectacle en mars) poursuit la production pour une somme de 300 000 $. Le plus récent épisode dans l'intarissable feuilleton Spider-Man...

Et comme pour perpétuer encore un peu le mauvais sort qui s'est acharné sur l'homme-araignée depuis sa naissance sur Broadway, la première a débuté... avec une heure de retard, mardi soir.

Attendu de pied ferme par la critique

Véritable risée nationale pendant des mois dans les médias américains, Spider- Man n'a pas réussi à éviter les mauvaises manchettes pour son lancement attendu.

Le prestigieux New York Times y est allé hier de ce titre baigné de cynisme: «Une piqûre radioactive, 8 jambes et 183 avant-premières», faisant référence à la transformation extrême subie par Spider-Man au printemps et aux membres fracturés par les artistes lors d'accidents qui ont marqué les nombreuses répétitions.

Le critique du New York Times ne s'est visiblement pas détendu pendant la soirée d'ouverture: «Après tout, si vous avez peur que quelqu'un vous tombe dessus du haut des airs, il y a de bonnes chances que vous n'appréciez pas» le spectacle.

De son côté, le Wall Street Journal semble avoir été impressionné par les imposants décors et créatures géantes de Spider-Man. «Chaque sou des 70 millions du budget est visible», écrit le quotidien financier, avant de conclure que «c'est la plus belle comédie musicale médiocre à ouvrir sur Broadway»...

Le New York Post se fait un peu plus nuancé. «Spider-Man essaie très fort d'être amusant et accessible», écrit le tabloïd qui embrasse les efforts apportés par la mise en scène, entre autres pour en faire un spectacle davantage destiné aux familles. La pièce «est plus près que jamais d'atteindre son but, mais la cible a été à la fois élargie et abaissée».

Quelques consolations...

Malgré tous ses déboires, Spider-Man: Turn Off the Dark est la pièce qui rapporte le plus de l'histoire de Broadway. Tant de publicité lui amène des recettes de 1 300 000 $ chaque semaine. La comédie musicale restera à l'affiche au Théâtre Foxwoods sans doute pour des années.

Contrairement aux mauvaises critiques, Bill Clinton, lui, semble avoir apprécié sa soirée de première. «Ça marche», a-t-il confié au Wall Street Journal pendant l'intermission. «Les décors sont beaux, les chorégraphies sont bonnes. J'adore. L'histoire se tient par elle-même», a conclu l'ancien président américain.

Spider-Man peut au moins se consoler un peu...