Branle-bas de combat, hier, dans une salle de répétition de Montréal où les 14 comédiens-chanteurs de la comédie musicale Le petit Roy présentaient aux médias plusieurs extraits de l'oeuvre présentée en grande première à compter du 5 juillet prochain, au Théâtre St-Denis. Branle-bas de combat, match et victoire: ce qu'on a vu et entendu était franchement convaincant.

Un autre «musical made in Quebec», après Le blues d'la métropole, Belles-Soeurs, Les filles de Caleb et compagnie? «Il y a six ans, on était les premiers à penser monter une comédie musicale à partir du répertoire d'un chanteur du Québec, expliquait Benoît L'Herbier, l'un des deux auteurs du livret du Petit Roy. Et aujourd'hui, on est les derniers à en présenter une!» Qu'importe, l'attente valait la peine, si on en juge par ce qu'on a vu, hier: un vrai livret, avec une vraie histoire, dramatique à première vue (un gars sort de prison, après 20 ans d'incarcération, et attend qu'on vienne le chercher!), mais dont le rythme, la structure et l'énergie sont tels qu'il s'en dégage beaucoup de lumière, de plaisir et de chaleur humaine. C'est avant tout une grande histoire d'amour, à l'égale des grandes chansons d'amour de Ferland.

Mais le plus étonnant, dans ce livret signé par L'Herbier et Robert Marien, maître ès «musicals» s'il en fut, c'est que les chansons de Jean-Pierre Ferland ont l'air d'avoir été composées expressément pour le spectacle! «La route 11, T'es mon amour, t'es ma maîtresse ou T'appelle ça vivre, toi, Joe, les morceaux servaient la trame de l'histoire. «C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle j'ai accepté de faire le show», explique Serge Postigo, qui signe la mise en scène du spectacle et tient le rôle principal, celui de Jean-Philippe «Djépi» Roy. «Un spécial karaoké ou un «best of» nostalgique, reprend-il, ça ne me tentait pas. Moi, c'est du théâtre, du «musical» que je veux faire.»

Solide expérience

Et pour cela, toute l'équipe réunie autour de Postigo possède une très solide expérience. Ce sont d'abord et avant tout des comédiens, tous dotés par ailleurs d'une bonne voix: hier, c'était un vrai plaisir de voir Stéphan Côté en proxénète dangereux, Normand Lévesque en chanteur de cabaret déchu, Frédéric Blanchette en tenancier de bar - mention toute spéciale à Luc Proulx, qui réussit à camper à la fois un «doorman» inquiétant et un gardien de prison débonnaire! Quant à Monique Fauteux et Estelle Esse, elles incarnent des prostituées habituées aux coups durs... Faute d'espace, on ne pourra pas tous les nommer, mais la distribution est solide: pas nécessairement de grandes voix, mais des timbres bien placés, qui permettent de très belles harmonies vocales et qui devraient faire vibrer le public.

Car c'est franchement beau, un texte, une mélodie de Ferland, on s'en rendait compte encore une fois. Des quelque 950 chansons écrites par Jean-Pierre «Djépi» Ferland, une quarantaine ont été retenues pour le spectacle. L'histoire se déroule entre 1958 et 1978, et les chansons de Ferland écrites dans cette période collent donc tout à fait au fil narratif.

Que ce soit un «plain» des années 50 ou un numéro de «gumboots», la danse n'est pas en reste. Par ailleurs, rappelons que c'est Michel Cusson qui signe les orchestrations et la réalisation des bandes sonores, qui ne sont pas encore terminées. Hier, on n'a vu ni les décors, ni les costumes, ni les éclairages, mais on a vu une vraie comédie musicale en devenir. Quand on aime, on a toujours Ferland.

Le petit Roy, à compter du 5 juillet au St-Denis 1.