La Presse a rencontré les élèves de dernière année de l'École nationale de l'humour, qui présenteront leur show demain soir au Club Soda. Dix petits drôles «totalement différents» et déjà populaires.

Les 10 élèves de dernière année de l'École nationale de l'humour en seront, demain soir au Club Soda, au 20e spectacle de leur tournée de fin d'année. Éreintant? Oui, mais formateur...

Ce show montréalais tombe bien: ARTV diffuse, les mardis soir, à 19h, la série Les 5 prochains, qui porte sur cinq jeunes humoristes partis en tournée. Korine Côté, Étienne Dano, Kim Lizotte, Pierre Hébert et Guillaume Wagner ne sont plus des «finissants». Plutôt des grimpants. Leur expérience, bien rendue dans la série, montre combien ces tournées sont utiles en début de carrière.

La tournée des élèves est très courue. Même les soirs où le Canadien jouait contre Boston, les salles étaient pleines, dit Josée Charland, responsable de la tournée à l'École nationale de l'humour: «À la maison de la culture de Lachine, on affiche complet chaque année et, à Saint-Eustache, ils achètent le show depuis 22 ans!»

Au début des années 2000, les élèves de dernière année faisaient de 12 à 15 spectacles. La popularité de la tournée a tellement augmenté que la cohorte 2010 en a présenté 50! «J'ai dû mettre un frein, car ce n'est pas le mandat de l'École d'en produire autant, dit Louise Richer, directrice de l'École. C'était trop prenant pour eux. Je suis la castratrice en chef rousse!»

Cette année, 38 spectacles auront été présentés au Québec par les 4 filles (Émilie Bolduc, Annie Deschamps, Maude Morissette et Frédérick Rouleau) et les 6 gars (Dominique Bottex-Ferragne, Pascal Cameron, Gabriel D'Almeida Freitas, Philippe Roy, Michel-Anthony Schmit-Craan et Jean-Christophe Surette).

Ils sont partis en mars en Gaspésie, sur la Basse-Côte-Nord et finiront cet été dans le sud du Québec et en Abitibi. «C'est un show de groupe, dit Philippe Roy, 23 ans, as de l'impro. La tournée permet de s'améliorer.»

«On apprend à se requinquer, à regarder les gens, à absorber leur énergie et à ne pas se décourager», note Annie Deschamps, 33 ans, héritière d'un grand humoriste de chez nous. «On se rapproche de qui on est vraiment», ajoute Jean-Christophe Surette, 27 ans, qui vient de l'Acadie. «Et on tient compte du public, car, chaque soir, c'est différent», dit Frédérick Rouleau, 41 ans, fille de théâtre.

«C'est vrai que, chaque soir, on jauge au début la vibe de la soirée», dit Michel-Anthony Schmit-Craan, 25 ans, le rasta de la gang.

Maude Morissette, 26 ans, qui a étudié en commerce, en pub et en criminologie avant de se réorienter vers le rire, dit que la tournée permet de découvrir l'univers des salles. «Contrairement à un bar, on peut y tester son matériel sur un public plus large. Ça devient plus concret après deux ans d'école.»

«Tu te découvres en faisant le même numéro tous les soirs», ajoute Pascal Cameron, 27 ans, titulaire d'un «bac en JELL-O» obtenu en milieu hospitalier! «Tu finis par être à l'aise et par avoir du fun

Émilie Bolduc (22 ans) dit que le show se bonifie avec le temps, car «on voit le chemin parcouru par les autres», en plus d'échanger des conseils avec eux.

Le spectacle débute par un numéro collectif, puis il y a du «semi-mime», du conte, du stand-up, du théâtre, des anecdotes, de la folie et du gangsta-rap, ajoute Dominique Bottex-Ferragne. Il n'est pas du même style que l'an dernier, car la mise en scène n'est plus assurée par Dominic Anctil, mais par Louis Champagne et Yves Dagenais.

«On aimait beaucoup ce qu'ils ont fait l'an dernier, mais, cette année, c'est totalement différent, car notre force est que chacun d'entre nous est totalement différent!» ,lâche Annie Deschamps. «S'il y en a un que vous n'aimez pas, vous pourrez vous reprendre avec les autres!», rigole Gabriel D'Almeida Freitas.

Demain soir au Club Soda, 20h.