Jacques Grisé, le «et» du groupe Paul et Paul qu'il forma avec Claude Meunier et Serge Thériault de 1976 à 1981, remonte sur scène 30 ans plus tard à La Tulipe, les 10 et 11 février. Pas pour reproduire l'humour absurde de Paul et Paul, mais pour raconter sa vie faite de rencontres, d'humour et de beaucoup d'amour...

On l'avait un peu oublié. Pourtant, Jacques Grisé n'a jamais quitté le milieu culturel. À la disparition de Paul et Paul en 1981 où il avait un rôle de faire-valoir, mais savait aussi être très comique, il a collaboré au magazine Croc puis s'est retrouvé derrière les caméras, à la télévision, comme scripteur et recherchiste.

Il a d'abord travaillé avec Sonia Benezra à Télévision Quatre-Saisons pendant environ trois ans. «On était millionnaires en cotes d'écoute, dit-il. On battait Jean-Pierre Coallier et Ad Lib! Puis, j'ai travaillé avec Patrice L'Ecuyer et Grégory Charles, avant d'être concepteur et scénariste pour Marcel Béliveau et Surprise sur prise. Je lui trouvais des gags.»

Après avoir oeuvré deux ans à L'union fait la force, il a traduit des textes pour Le Sketch Show de TVA, puis a bossé avec Éric Salvail à Dieu merci et enfin avec Louis Saia, comme coauteur d'épisodes d'Histoires de filles. Mais il voulait repasser devant la caméra et sur la scène.

«Ça faisait des années que je voulais revenir sur scène, confie-t-il. Mais j'étais terrifié par l'opinion des gens et je me disais que je n'étais pas un bon comédien. Finalement, je me suis dit que si des politiciens restent au pouvoir alors qu'ils ne recueillent pas 36% des voix, pourquoi devrais-je me formaliser des critiques?»

En même temps, Jacques Grisé a connu une grande peine d'amour. Après être resté 23 ans «avec la même blonde», il s'est séparé. «Je me suis dit qu'écrire me fournirait une grosse bulle, dit-il. Avec de grandes peines d'amour, on peut écrire de belles choses. Mais je me suis quand même senti lancé dans le vide. J'ai pleuré beaucoup. Ça venait du ventre. Écrire a été une forme de survie.»

Grisé, son premier one man show, comporte des traits d'humour, mais c'est d'abord et avant tout un spectacle sur sa vie, ses expériences de vie, qu'elles soient agréables, drôles, savoureuses ou douloureuses. «Au début, ça parlait moins de moi, dit-il. Mais c'est venu tout seul. D'ailleurs, je me dis que je n'aurais pas de mal à écrire un deuxième spectacle.»

Jacques Grisé évoque son enfance, ses parents, sa tante, son grand-père, sa jeunesse, notamment un voyage aux États-Unis qui l'a conduit en prison pour avoir abusé des bonnes choses de la vie! Puis, il parle de la période Paul et Paul, de ses souvenirs de tournée, de l'époque où il était au collège avec Claude Meunier, de leurs premiers spectacles, de ses expériences avec les filles, etc.

Le spectacle de 1h30 mis en scène par Édith Cochrane est exigeant. Il a dû beaucoup répéter et l'a rodé en région pour trouver sa place sur scène et pour que sa voix si radiophonique transmette l'émotion voulue.

«Il m'a fallu trouver le bon ton pour ne pas surjouer. Et j'ai soudain compris que je l'avais, comme quand on sait subitement faire de la bicyclette. Quand je suis sur scène, je perds la notion de temps, je suis comme dans une envolée, je vois ce que je raconte et je me sens comme un p'tit cul qui vient d'avoir un jouet. C'est bien, car, au début, il a fallu que je surmonte le fait d'avoir été le «et» de Paul et Paul. Et j'ai réussi. Le fait de présenter ce spectacle, c'est déjà une victoire sur moi-même.»

Grisé, de Jacques Grisé, à La Tulipe les 10 et 11 février, à 20h.