Pendant des années, Dorice Simon a «virevolté», comme elle dit, dans le milieu de l'humour québécois, mais le spectacle C'est des choses qui arrivent, qu'elle a présenté hier soir en première montréalaise à L'Astral, vient de la propulser dans la catégorie des humoristes dont on ne pourra plus se passer...

Même si le maudit trac lui tenaillait les entrailles, la native du Saguenay a commencé très fort sa performance et avec beaucoup de cran. Passant son joli minois à travers un rideau de plaquettes de bois genre années 70, elle s'est glissée sur scène, coquine et pince-sans-rire, en lançant aux spectateurs qu'il faut vraiment être complètement dérangée pour venir, comme ça, parler devant tout le monde!

Une phrase. Une attitude. Un gag. Le public était déjà conquis.

Elle débute son show en parlant d'elle, de ses relations, de ses crises avec... elle-même, de ses lubies sur son poids, de son côté parano et mal dans sa peau. Charmant, bien écrit et tellement ancré dans le quotidien de bien des gens aujourd'hui.

Elle évoque ensuite son célibat, sa rencontre avec Jean-Guy, quand il lui demande... si elle a des REER! Un numéro très drôle sur le sens des «valeurs».

Elle poursuit en racontant que son rêve «c'est d'avoir un burn out» mais qu'il faut travailler fort pour ça! Une partie du show particulièrement réussie. Dorice Simon est géniale dans le rôle de la femme dans la quarantaine qui capote pour son corps et qui fait de l'insomnie... par-dessus la tête.

Un des meilleurs numéros de ce spectacle, mis en scène par Marie Charlebois, est lorsqu'elle se rend compte, un jour de 2026, qu'elle est la dernière à parler français à Montréal. À la fois message, avertissement et cauchemar, le numéro est hilarant et... grinçant.

Dans Dorice et le poids des livres, elle passe en revue un par un les bouquins de croissance personnelle qu'elle a lus. Le public est plié en deux.

Avec ses cheveux frisés placés de chaque côté de sa tête et un nez de clown, elle fait penser, avec ses mimiques, à un croisement entre Coluche et Whoopi Goldberg!

Ne se gênant pas pour rire avec le public, elle crée une réelle proximité et nous la rend très familière. Comme la cousine drôle qui a grandi et qui, décidément, a bien mûri.

Avec la mort de sa mère, l'été dernier, elle réussit même à faire rire et à émouvoir. Elle lui rend d'ailleurs hommage, par la suite, en lui dédiant une chanson sur le vieillissement et l'amour maternel. Réussir ce mélange d'émotion et de rire est le propre des grands comiques.

Ça fait longtemps que je n'avais autant pleuré... de rire et autant regretté que le spectacle s'achève déjà. Quelle soirée!

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À L'Astral, ce soir et demain.