Anthony Kavanagh à Bobino, Stéphane Rousseau au Palace, Véronique Dicaire à La Cigale avant L'Olympia, Fred Pellerin à L'Européen: l'humour québécois occupe les scènes parisiennes, témoignant d'un bel engouement des Français pour l'exotisme des comiques de la Belle province.

Avec huit fois plus d'habitants et une langue commune, la France est un eldorado pour les humoristes canadiens dont la formation à l'américaine leur permet aussi de jouer la comédie, de chanter et surtout de s'adapter.

«Les Canadiens ont fait de l'humour une culture. Ils ont même des écoles spécialisées, le plus grand festival d'humour (ndlr: Juste pour Rire) mais leur marché est petit tandis que la France compte plus de 60 millions de spectateurs», observe le producteur français Jean-Marc Dumontet, nouveau directeur de Bobino et du Point-Virgule, le tremplin parisien du rire.

«La force des humoristes québécois est leur fraîcheur, leur naturel et la proximité qu'ils créent avec le public. Ils maîtrisent le stand-up et on les distingue par leur accent, même si c'est parfois avec condescendance», ajoute M. Dumontet.

Les directeurs de salles estiment à l'unisson que l'humour en général est en pleine explosion en France, avec une offre de près de 80 spectacles à l'affiche à Paris, la province n'étant pas en reste.

«L'humour est le spectacle offrant la plus grande promesse de satisfaction, loin devant le théâtre. Le public ne s'y trompe pas», estime Jean-Marc Dumontet.

Artiste polyvalent, l'humoriste québécois signe souvent un véritable show, renforçant l'intérêt du public. D'ailleurs, Anthony Kavanagh, Stéphane Rousseau et Véronique Dicaire, chanteurs, comédiens et animateurs confirmés, ont été à l'affiche à Paris de la comédie musicale Chicago.

Dans leurs «seuls en scène», ils abordent tous les registres, jusqu'au mini-concert de standards internationaux pour Kavanagh qui, chaque soir, fait danser sur scène les premiers rangs.

Stéphane Rousseau qui a attiré plus de 300 000 spectateurs en tournée française en 2008, s'exprime dans un spectacle très autobiographique truffé de chansons, de vidéos et d'effets spéciaux dans lequel il amuse avec sa paternité et émeut avec les derniers instants de son père.

De son côté, Anthony Kavanagh a choisi pour son nouveau spectacle de «sortir du placard» en s'estimant autorisé à dire ce qu'il pense de la France qui l'a adopté depuis dix ans.

«Jusqu'ici, j'étais un artiste migrant, comme un invité. Maintenant, ma vie est principalement ici. Je peux me permettre d'aller plus loin», dit à l'AFP l'humoriste.

A contrario, les humoristes français qui séduisent la Belle province sont rares. Considéré comme «le plus Québécois des humoristes français», Gad Elmaleh est une exception, grâce à son imitation parfaite de l'accent local. Franck Dubosc, Florence Foresti et Patrick Timsit tirent aussi leur épingle du jeu.

La déferlante québécoise en France se confirmera en 2011: Paris accueillera notamment le Montréalais Rachid Badouri pour 65 dates après une semaine à guichets fermés cet automne, tandis que le Point-Virgule rappellera Cathy Gauthier et Louis-José Houde, tous deux diplômés de l'École nationale de l'humour du Québec, qui ont fait leurs preuves l'été dernier.

Antonhy Kavanagh et Stéphane Rousseau, eux, arpenteront les régions, avec des détours en Belgique et Suisse: les locations sont au beau fixe des mois à l'avance, selon leurs producteurs.