Pour sa première montréalaise, l'humoriste Mike Ward a conquis le public du Théâtre St-Denis 2, hier soir, avec son style unique: une grivoiserie hard et fine à la fois où, derrière la vulgarité, se profile un grand amour des autres.

Mike Ward est un gars brillant. Dans une province où faire une remarque osée au gala de l'ADISQ provoque un tsunami, son statut de bouffon libertaire est aussi rafraîchissant que le Coluche qui décoiffait la France dans les années 75-85.

Il a donc tiré tous azimuts, hier soir. Il a «niaisé» Guy Nantel et ses blagues politiques, traité Charest d'«incompétent», Harper de «crosseur» et en a passé une p'tite vite de voyou sur le Journal de Montréal en lock-out, en critiquant sa couverture réductrice.

«Si le Journal de Montréal payait ses journalistes, peut-être que ses lecteurs n'auraient pas besoin que ce soit les humoristes qui leur apprenne ce qui se passe dans le monde.» Et vlan...

Il a ensuite raconté son expérience douloureuse après avoir avalé deux pilules de Viagra: «Mon pénis était fâché: il faisait neuf pouces pour six pouces de peau!»

Du Viagra, il est passé à la religion et à sa grand-mère qui a eu 11 enfants et qui a fait «une fausse couche qui anime aujourd'hui Le négociateur sur LCN». Aïe aïe!

Il a évoqué son séjour sur une base canadienne en Afghanistan «où nos gars et nos lesbiennes se battent»!

Scripté par François Avard, le spectacle s'est poursuivi sur des blagues si épouvantables sur les handicapés qu'on ne pouvait qu'en rire ou prier pour ce saint Vulgaire en perdition. Il a ensuite planté l'émission Enjeux qui lui a reproché de faire des blagues pédophiles. «Alors que moi, dans ma tête, je suis un artiste: le Picasso des jokes de vulves. J'aime faire des jokes chiennes et j'ai le goût de me mettre dans la marde.»

Guy A. Lepage en a alors pris pour son rhume avec «sa coupe Longueuil et sa barbe de p'tit gars de 15 ans».

Sur Louis-José Houde: «Les filles le trouvent cute et pour les gars, c'est pas une menace car il n'a pas de pénis: c'est une Barbie!»

Même Mike Ward a planté Mike Ward. «J'haïs ma shape, je suis un gros tas de marde shapé comme une poire. Tout nu de dos, j'ai l'air d'Ariane Moffatt!»

Sur Céline Dion: «À 12 ans, elle avait l'air d'un poney. Je ne ferais pas de joke sur René, mais c'est vrai que son cou a l'air d'un scrotum. Si je n'ai pas une mise en demeure après ça, j'aurai pourtant essayé!»

Après avoir remercié le public «de rester avec (lui) après le prochain scandale», il a encore virevolté en bas de la ceinture quelques instants avant d'être ovationné sans retenue par un public ravi.

En première partie, le jeune humoriste Guy Bernier a montré bien des talents de conteur. On va en reparler, du monsieur chasseur de grenouilles...

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Mike Ward s'eXpose, Théâtre St-Denis 2, ce soir, 20 h.