Humoriste et humaniste, c'est un Patrick Groulx autant comique que grave qui a littéralement conquis le Théâtre St-Denis, mardi soir à Montréal, avec un spectacle très personnel, Job : humoriste.

Il l'avait expliqué en entrevue avec La Presse la semaine dernière: à 36 ans, avec 17 ans d'expérience en humour dans sa besace, Patrick Groulx a mûri et considère maintenant son métier, comme sa vie, avec une nouvelle lucidité qui le rend encore plus attachant qu'auparavant.

En ouverture, après avoir parlé d'orientation professionnelle, il a tiré, c'est la mode, quelques lignes sur la technologie, l'obsession des iPhones et autres Blackberry.

Sur la technologie du photo-radar, il a lancé: «On a remplacé des emplois par des ordinateurs mais pour remplacer un policier, ça prenait juste un kodak!» Il a ensuite abordé le thème de l'environnement, tournant en dérision notre hantise de polluer ou de gaspiller, suggérant à sa blonde qu'il «pisse désormais dans le lavabo» plutôt que de tirer la chasse d'eau et d'user 8000 litres d'eau par an.

Son numéro sur la saleté dans les hôtels et les motels «cheaps» du Québec, qu'il fréquente durant ses tournées, était tordant. Tout y est passé: le couvre-lit sale, la manette de la télévision couverte de liquides... divers provenant de diverses personnes, le rideau de douche poisseux, etc. De quoi vous encourager d'acheter une roulotte!

Celui sur les Ostie'd'Français décrivait bien la gêne qu'on éprouve quand une soixantaine de touristes bruyants, mal élevés et bien peu éduqués débarquent dans le même hôtel que celui que vous avez choisi pour son côté calme et pittoresque.

Mais la partie la plus réussie du show est celle où il parle du bonheur de vivre, le sien, en faisant le boulot qu'il aime, mais aussi celui des autres, évoquant notre propension à oublier que la vie est précieuse et qu'on ne devrait jamais l'oublier au quotidien.

Il aborde le sujet sans être solennel, même si parfois, ça sortait si vrai et si profond que le public en restait bouche bée.

Il en profite pour raconter des anecdotes personnelles, notamment pourquoi il a accepté une job de DJ dans un bar de danseurs du village gay. Très drôle.

Il poursuit en réglant ses comptes, en douceur tout de même, avec ceux qui pensent que les vedettes et les artistes, c'est la même chose, combinant toujours un message avec une blague: «Plus besoin de talent pour être une vedette aujourd'hui, dit-il. Ça veut coucher avec Louis-José Houde mais ça finit avec Philippe Bond!» «Si tu fais pas le cover du Lundi, les gens pensent que tu ne fais plus rien!» Patrick Groulx a fini son show en proposant aux spectateurs de se mettre «un smile dans la face», un conseil que la plupart avait déjà suivi durant les 2h de son spectacle.

Il a reçu pour réponse une ovation debout et a poussé par la suite un cri de contentement (yesss!), avant de remercier avec tact et noblesse toute son équipe et sa blonde. Chapeau l'artiste.