Le nouveau spectacle de Daniel Lemire, du 29 septembre au 2 octobre au Monument-National, marque le retour à Montréal d'un grand bonhomme de l'humour québécois. Mais le papa d'Oncle Georges y présentera «peut-être» son dernier gros show, a-t-il confié à La Presse.

Bien des personnages ont fait la célébrité de Daniel Lemire: le mythique Oncle Georges bien sûr, mais aussi Ronnie, Edmond Ratté, Grippette Tremblay ou Yvon Travaillé. Son fin décorticage, tout en doigté, de l'actualité du monde a aussi fait la force et la singularité de ce grand de l'humour québécois. Pour son neuvième spectacle solo, il a voulu aller au-delà des chemins déjà empruntés avec un show «plus gros» qui lui a demandé bien des efforts et des ajustements.

«Je ne me rappelais plus que c'était tant d'ouvrage, dit-il en riant de son rire onclegeorgien. Les changements de décors, l'ajout de deux comédiens (Annick Beaulne et Normand Poirier), la musique, etc. Je ne dis pas ça pour me plaindre, mais c'est beaucoup de logistique. Mais quand deux comédiens te donnent la réplique pas mal tout le long du spectacle, c'est vrai que c'est intéressant.»

Le spectacle de deux heures préparé avec Patrick Saucier et mis en scène par Benoît Brière est en rodage hors Montréal depuis la mi-juillet. Les réactions sont très bonnes. Quelque 30 000 billets ont déjà été vendus. Daniel Lemire présente 12 numéros. Tout y passe: l'Afghanistan, le Vatican, le gardien qui protège le Grand Nord, la météo, le Canadien de Montréal, les fraudes économiques avec un certain Vincent Jones, et un sketch sur les douaniers et l'«obsession sécuritaire» des conservateurs de Stephen Harper.

La croissance d'une droite dure au Canada avec des idées d'une autre époque inquiète beaucoup l'humaniste qu'est Lemire, mais il a choisi de passer son message avec le rire. Lemire est passionné par tout ce qui l'entoure. Il adore voyager. L'Espagne l'a charmé et le Mexique lui a permis d'écrire, tranquille et les pieds dans l'eau, son nouveau spectacle.

«Essayer de faire rire et d'être le plus signifiant possible, c'est le fun, dit-il. Faire rire les gens, c'est important, mais le rire peut être abrutissant ou peut accentuer les préjugés, donc il faut faire attention et rendre ça le plus clair possible.»

Il ajoute que, pour lui, c'est un plaisir inouï de dialoguer avec les spectateurs qui vivent les mêmes situations et réagissent aux mêmes événements que lui, par l'intermédiaire de la télé ou des journaux. «L'humour, c'est le visage d'un peuple», dit-il.

Il espère que ce plaisir de retrouver son public durera longtemps. «Je suis allé à la télé pour faire un break, mais la scène, c'est dur à battre. Tu as les gens là, devant toi. On espère que le show marchera au moins deux ans, mais je n'ai pas grand contrôle là-dessus!»

Daniel Lemire dit qu'avec l'expérience acquise depuis 30 ans et le fait que ses enfants ont quitté la maison, il peut désormais travailler différemment, prendre son temps, prendre du plaisir à vieillir. «Plus je vieillis et plus je me sens bien dans ma peau, mais peut-être qu'un jour, je ne dirai plus ça», dit-il, dans un grand éclat de rire.

Après sa pièce Clash et son projet de dessin animé, il a dans la tête un projet d'écriture. «J'aimerais faire un livre avec des liners, comme les petits livres de Woody Allen, un livre feel good! Parce qu'un gros show comme celui-là, c'est peut-être mon dernier.»

À 55 ans, Daniel Lemire est encore profondément passionné par son métier, mais il pourrait privilégier à l'avenir des spectacles moins mobilisants que celui-ci, reposant notamment sur ses personnages fétiches. «C'est une grande chance d'avoir des personnages qui marchent, dit-il. Je ne me suis jamais saturé de ça et je ne commencerai pas à me plaindre d'avoir du succès. Il y a des artistes qui travaillent toute leur vie pour avoir du succès et quand ils en ont, ils commencent à porter des verres fumés!»

Daniel Lemire, au Monument-National, du 29 septembre au 2 octobre; supplémentaires du 14 au 16 octobre.