La troupe française des Colporteurs a présenté, ce mardi soir à la Tohu, Fil sous la neige, un spectacle de cirque  très technique où sept fildeferistes dansent sur des fils d'acier pendant 90 minutes.

Le spectacle débute avec l'arrivée sur la piste du metteur en scène, Antoine Rigot, qui raconte «le jour où tout a basculé», il y a 10 ans, quand un accident l'a laissé gravement handicapé aux jambes.

C'est donc en marchant avec hésitation et avec une recherche constante d'équilibre, comme lorsqu'il était sur son fil, que le funambule blessé présente ce spectacle qu'il verra depuis le bord de la scène parmi les spectateurs.

Le fil sur la neige est une succession de figures d'équilibre que les sept artistes exécutent en solo, en duo ou en groupes sur ces fils d'acier de 12 mm suspendus à 2 ou 3 mètres du sol.

Ils dansent (les filles avec une ombrelle pour l'équilibre), s'accrochent pour déambuler, se couchent sur le fil et sautent avec agilité, parfois sur le même fil, ce qui complique leur tâche car la vibration de l'un nuit à l'autre. Des sauts simples, des sauts de chat, des sauts périlleux avant et arrière, des grands écarts sur le fil, on a affaire à des experts, les meilleurs au monde, dit-on.

Chaque artiste a l'occasion de se mettre en valeur. Cascadeur burlesque, Florent Blondeau est un zébulon volant. Julien Posada, qui a travaillé avec le Cirque du soleil, semble autant à l'aise que nous sur le sol. Le Suisse Andreas Muntwyler, également, dans un style différent.

Agathe Olivier se permet même le luxe de se promener en talons aiguilles sur le fil. Une ballerine y fait même des pointes.

L'exercice est difficile. Aussi, ils tombent parfois, sans gravité, et pas forcément quand la figure est la plus complexe à exécuter.

Après le spectacle, Antoine Rigot dira que la pression, pour cette première nord-américaine de ce spectacle, a pu jouer.

Il y a quelques passages comiques mais c'est l'émotion et la tension qui dominent dans ce show où la musique, de style jazzé, jouée en direct, est omniprésente.

Moment d'émotion quand l'Américaine Molly Saudek, à la technique très pure, traverse le fil en mimant un Antoine Rigot hésitant et à la jambe qui traîne. «Watch my broken body», dit une voix. Un hommage au courage du metteur en scène mais aussi un rappel personnel puisqu'elle aussi a traversé une période difficile à la suite d'une blessure.

Si les exercices sont souvent périlleux et les figures intéressantes, le spectacle manque toutefois de... fil conducteur. Un Robert Lepage, un Patrice Chéreau ou un Jeannot Painchaud aurait peut-être étoffé la trame narratrice et incorporé peut-être quelques figures encore plus téméraires.

Mais Antoine Rigot rappelle que, déjà, la panoplie de performances du Fil sous la neige est très large. «Il y a encore plein de choses à inventer dans cette discipline», dit-il.

A la fin du show, Antoine Rigot revient sur scène, pieds nus, rejoindre sa troupe, lui aussi en équilibre sur le tapis rouge de la scène. Agathe Olivier reste seule sur un fil. Il ôte les chaussons de sa belle qui, elle, lui masse les épaules et la tête de ses pieds. Puis, elle sur le fil et lui sur le tapis cherchent leur équilibre pour traverser une dernière fois la piste.

Le public a bien apprécié, applaudissant généreusement les Colporteurs. «Ils ont un niveau qu'on ne voit pas ici», a fait remarquer l'échassier québécois Grégoire Dunlevy.