Le profilage racial, Eddy King connaît très bien. Alors que des audiences publiques sur le profilage racial se déroulent ces jours-ci, l'humoriste d'origine congolaise et française a vécu ces discriminations policières liées à la couleur de la peau.

Vivant au Québec depuis l'âge de 13 ans, Eddy King préfère en rire, même s'il prend le sujet au sérieux. Du coup, il s'est servi de ses expériences désolantes pour en faire un sketch qu'il présente régulièrement en première partie du show de Rachid Badouri, et ce, jusqu'à la fin de l'année.

La Presse a assisté à sa prestation, vendredi dernier, au Théâtre du Vieux-Terrebonne. Eddy King est arrivé sur scène avec un t-shirt et une casquette. Le personnage était campé: il écoute du rap dans son auto, les policiers interviennent. «Du rap pour un flic, c'est comme du sang pour les requins, ça les attire!» lance Eddy King, déclenchant des rires dans la salle.

«Pour un flic, les Noirs se ressemblent tous, continue-t-il. S'ils arrêtaient Tiger Woods, ils le prendraient pour Gregory Charles!» La salle rit aux éclats. «Merci aux Arabes et aux musulmans! L'aéroport, c'est finalement le seul endroit où je ne suis pas victime de profilage racial: je ne suis plus le suspect numéro un!»

Un bon accueil

Jusqu'à demain, Eddy King se produit à la salle Albert-Rousseau, à Sainte-Foy. Joint par La Presse, l'humoriste dit que les spectateurs «reçoivent bien» ce sketch sur le profilage racial. «En premier, ils le trouvent drôle, et c'est la priorité de mon travail, dit-il. Et puis, à la sortie, ils me disent souvent: «C'est vrai, ce que tu dis.» Parce que ce que j'explique dans le numéro, c'est vraiment arrivé.»

«Les flics m'ont vraiment pris, continue-t-il. Je suis habitué à me faire stopper par eux, mais cette fois-là, ils m'avaient stoppé parce que j'avais une sanction sur mon permis pour laquelle je n'étais pas au courant, car la Société de l'assurance automobile ne m'avait pas prévenu. Et là, ça m'avait frustré parce qu'ils avaient vraiment trouvé quelque chose pour m'embarquer dans la voiture.»

Eddy King raconte que ça s'est passé dans la nuit. «Je revenais d'un spectacle. J'avais mes pancartes de Tintin au Congo dans la voiture. Ça fait qu'ils m'ont laissé à 2 h du matin sur la rue Sainte-Catherine devant un crack house avec mes pancartes de Tintin! Je suis rentré à la maison, j'étais frustré. Alors j'ai écrit là-dessus parce que c'est plus possible.»

Également noir de peau, le boxeur québécois Jean Pascal est un des meilleurs amis d'Eddy King. Il a, lui aussi, goûté à la médecine du profilage racial, dit Eddy: «L'an dernier, quand il était en préparation pour son combat contre Adrian Diaconu, mes amis et moi, on faisait de la promotion pour le party qui devait avoir lieu après le combat. Un de mes amis conduisait la belle voiture de Jean Pascal. En l'espace de quelques heures, il s'est fait stopper cinq fois sur le boulevard Saint-Laurent. Cinq fois. Comme ça. Et ça nous arrive tout le temps. Les gens ne sont pas nécessairement au courant de cette réalité.»

Devoir d'éducation

Eddy King est un humoriste, mais il estime avoir aussi une sorte de devoir d'éducation. «Je veux que les gens, quand ils sortent du spectacle, se posent des questions ou que ça serve à quelque chose», dit-il.

Eddy King lancera son one man show à l'automne 2011. En attendant, on le verra au Festival Juste pour rire cet été. Il sera en répétition, mardi à Laval, mais ce n'est pas public. Et la police n'est pas invitée non plus!