S'il n'a pas la domination populaire d'un Louis-José Houde, qui avait tout raflé l'an dernier, et qui a remporté pour une troisième année de suite l'Olivier du public, Sylvain Larocque a connu hier soir la consécration. En remportant l'Olivier du meilleur spectacle, et son cinquième comme auteur, cet humoriste discret mais respecté a reçu une belle accolade du milieu, tandis que Martin Matte récoltait l'Olivier du spectacle le plus populaire.

Sylvain Larocque a ouvert la soirée en remportant le premier Olivier en compagnie des coauteurs de son spectacle Vu d'même, Daniel Gagnon, François Léveillé, Laurent Paquin et Pierre Hébert. «Le texte, c'est la chose la plus importante pour moi», a-t-il expliqué aux journalistes en coulisse, tout en brandissant son calepin qu'il traîne partout avec lui. Quant à l'idée de gagner l'Olivier du meilleur spectacle, en début de soirée, il n'y croyait même pas. «Pour moi, ce serait la plus belle chose, surtout de la part de mes pairs, ça voudrait dire que non seulement je suis capable d'écrire, mais aussi de rendre un texte.» Il aura finalement été comblé. «Je pense que ça veut dire que je suis la meilleure vitrine pour mon écriture, et que je ne dois pas m'oublier», a confié l'humoriste, véritable workaholic qui a écrit pour à peu près tous les galas québécois.Louis-José Houde, qui a terminé sa tournée en février, était heureux de gagner son troisième Olivier décerné par le public. «C'est difficile à expliquer, mais le chiffre trois est important en humour, il y a des règles de trois, etc. L'année prochaine, je ne serai pas là, je vais surtout écrire, alors oui, je suis content.»

Condamné à l'excellence, donc aussi condamné à l'admiration et à l'amour, Martin Matte est allé tout naturellement cueillir l'Olivier du spectacle le plus populaire de l'année. «C'est vraiment la totale, il n'y a rien de mieux! Je me limite à une centaine de shows par année, alors mathématiquement, je n'étais pas sûr...»

Bien malin celui ou celle qui aurait pu deviner les gagnants de ce 12e gala Les Olivier récompensant les bonzes de l'humour, et animé pour une deuxième fois par des Chick'n'Swell, toujours aussi nonos. Sans réel favori à l'horizon, l'espoir était de mise pour tous, particulièrement pour les débutants. Le jeune humoriste Pierre Hébert, qui a travaillé aux textes de Larocque, aura réussi à confondre nos prédictions en allant chercher l'Olivier de la découverte 2010, alors que beaucoup misaient sur Sugar Sammy. Racontant sur scène qu'il était boudé l'an dernier par les photographes, il a été joyeusement mitraillé en salle de presse, où il affichait un gros sourire. «Deux Olivier de suite, c'est génial, mais celui-ci est plus personnel, c'est celui que j'espérais», dit celui qui prépare un spectacle pour 2011.

Chantal Lamarre, Olivier de la mise en scène pour Un gars, c't'un gars d'Alex Perron, était la seule représentante féminine ou presque avec Véronic DiCaire dans les nominations... et la seule à avoir été récompensée. «C'est la victoire de l'artisanat, on a réussi à y mettre du glamour», a-t-elle lancé. C'est son premier Olivier, et fort consciente de la sous-représentation des filles en humour, elle a félicité Alex Perron d'avoir pensé à une fille pour sa mise en scène. «J'ai enseigné à l'École nationale de l'humour, j'en ai vu passer, des filles, et je ne sais pas trop pourquoi elles ont un chemin plus cahoteux. Il faut faire de la place aux filles!»

Une très belle surprise que l'Olivier du numéro de l'année remis à André Sauvé, pour son émouvante interprétation du frère de monsieur Caron, servie l'été dernier au gala hommage à RBO, et qui nous a tous soufflés. «C'est un numéro significatif pour moi, je voulais jouer avec un aspect dramatique dans mon humour. Je dirais ce que j'ai entendu un jour: un humoriste, c'est un dramaturge vu de dos.»

Du coté de la radio, François Morency et son équipe du midi sont allés chercher pour la deuxième année de suite l'Olivier de la meilleure émission, tandis que François Pérusse a poursuivi son règne inégalé dans la catégorie capsule, sketch ou chronique humoristique pour Les 2 minutes du peuple, lui qui nous fait rire depuis au moins 20 ans. «C'est toujours le fun, surtout pour un gars qui ne sort pas de son sous-sol», a dit le gagnant, bourreau de travail reconnu.

Les nouveaux médias étant maintenant représentés, c'est la série web remplie de testostérone Une vie de vrai gars d'Alexandre Champagne, Pierre-Luc Gosselin et Jonathan Roberge qui a remporté un Olivier. En salle de presse, ces mordus du 2.0 (et de Red Bull) ont expliqué que le principal avantage des nouveaux médias, c'est «le feedback instantané!». Dominic et Martin, eux, ont remporté la catégorie DVD pour Inséparables.

En ce qui concerne la télé, on a souligné l'apport humoristique incontestable des Invincibles et de 3600 secondes d'extase au petit écran, dans les catégories comédies et variétés. «Là, on peut vraiment dire que la boucle est bouclée, c'est le dernier soir qu'on peut fêter», a dit François Létourneau, scénariste de la série, entouré de ses invincibles collègues.

Le Gala les Oliviers 2010

> MISE EN SCÈNE : CHANTAL LAMARRE, Un gars, c't'un gars, Alex Perron

> AUTEUR(S) : SYLVAIN LAROCQUE, DANIEL GAGNON, FRANÇOIS LÉVEILLÉE, LAURENT PAQUIN, PIERRE HÉBERT, Vu d'même, Sylvain Larocque

> COMÉDIE À LA TÉLÉVISION : LES INVINCIBLES

> VARIÉTÉS HUMORISTIQUES : 3600 SECONDES D'EXTASE

> CAPSULE, SKETCH OU CHRONIQUE HUMORISTIQUE À LA RADIO : LES 2 MINUTES DU PEUPLE, François Pérusse

> ÉMISSION DE RADIO HUMORISTIQUE : MIDI MORENCY, François Morency, Éric Nolin, Pierre Prince, Cathya Attar

> NUMÉRO D'HUMOUR : «LE FRÈRE DE M.CARON», André Sauvé

> DVD D'HUMOUR : INSÉPARABLES, Dominic et Martin

> DÉCOUVERTE : PIERRE HÉBERT

> SPECTACLE D'HUMOUR DE L'ANNÉE : VU D'MÊME, Sylvain Larocque

> SPECTACLE D'HUMOUR LE PLUS POPULAIRE : CONDAMNÉ À L'EXCELLENCE, Martin Matte

> CAPSULE, SKETCH OU CHRONIQUE HUMORISTIQUE DANS UN NOUVEAU MÉDIA : UNE VIE DE VRAI GARS, Alexandre Champagne, Pierre-Luc Gosselin et Jonathan Roberge

> OLIVIER DE L'ANNÉE : LOUIS-JOSÉ HOUDE