Non, Cathy Gauthier ne se fera pas d'amis-es avec son deuxième one-woman-show, mais des admirateurs et admiratrices, si. Ce petit bout de femme de 5 pieds, «trucker crotté dans un corps de mini-fée» comme elle se décrit, est de l'étoffe des stars de l'humour - on parle de ces Houde, Matte et Anctil qui vendent des billets à la pelle.

On n'a même plus envie d'aborder la problématique des filles humoristes dans un univers de gars tant ce spectacle, Cathy Gauthier décoiffe, propose 1h30 de rires garantis, pratiquement sans temps mort, rodé au quart de tour, et dont c'était la première montréalaise jeudi soir au Monument-National. S'il s'en trouvent pour être choqués qu'une si délicate créature (en apparence) puisse en pousser d'aussi grasses et salées, eh bien, c'est tant pis pour eux.

Parce qu'elle laissait entendre qu'elle s'était assagie un peu, la Cathy, ce qu'on n'a pas remarqué pendant ce spectacle, sauf en ce qui concerne une meilleure alternance entre le calme et l'hyperactivité. Elle est plus «posée» sur scène, disons, ce qui n'enlève absolument rien à sa formidable énergie mieux canalisée.

En ce qui concerne les textes, il faut, en effet, ne pas avoir peur de se faire décoiffer, parce qu'ils sont parfois d'une méchanceté incroyable, appuyant là ou ça fait mal, sans compassion humaine - la touche de François Avard y est sûrement pour beaucoup. Bitch, oui, et jusqu'au bout, sans aucun de ces moments «motton» qui sont devenus populaires dans les one-man-show. La carte du Tendre, elle ne connaît pas. La vulgarité, chez elle, n'est pas de la provoc pour la provoc; c'est un défi.

On a eu peur un peu au début quand elle s'est mise à chanter comme Céline Dion, mais elle a transformé ça en burlesque assez rapidement. D'ailleurs, elle ne saute pas du coq à l'âne comme cela arrive souvent chez le stand-up, et respecte les enchaînements de façon efficace. Pas de maladresses dans ce spectacle, mais des bassesses, oh que oui.

Ça commence raide avec la description de la «madame», un titre qu'elle refuse de porter. Encore moins celui, pire dans l'insulte, de «p'tite madame». Aucune idée si celles qui se reconnaîtront la trouveront drôle, car la description est carrément décapante. Elle s'aliène peut-être un public, mais elle ose, au moins. «Une madame, ça se pense cochonne quand elle chante Provocante dans un Karaoké». «Une madame, ça ne se fait pas bronzer, ça se fait griller. Ça ne se fait pas coiffer, ça se fait «placer la tête». Une «p'tite madame»? «Ça pense encore que Michel Louvain est aux femmes.»

Et ça continue comme ça, sur les filles névrosées qui transposent leur amour maternel sur leur chien, au contraire de ces superwomans qui n'ont pas le temps d'aimer leurs enfants; ces adolescents qui puent mais qui sont toujours bandés; ces hommes roses qu'elle déteste; ce langage du 17e siècle qu'on a perdu (ce qui lui permet de prouver qu'elle est capable de poésie, même au McDo); cette «blind date» avec un «border-nain» qui a mal tourné et cette fameuse visite au sex-shop filmée sur vidéo, dans laquelle elle ridiculise une panoplie d'outils tous plus absurdes les uns que les autres.

Seul bémol à cette soirée: cette façon qu'elle a de couper court aux applaudissements du public, parce que ça la rend mal à l'aise. C'est un amour qu'elle doit apprendre à recevoir, et qu'elle doit rendre au rappel - inévitable, quand on a réussi.