Deux ans seulement après la fin de sa première tournée, 100% vache folle, la petite tornade blonde est de retour avec Cathy Gauthier décoiffe, qui ajoute de nouvelles couleurs à sa palette, promet-elle. Entrevue avec une fille qui, en dehors de la scène, garde la langue dans sa poche.

Quelqu'un devrait un jour expliquer l'origine de la permanente, cette mode capillaire atroce qui rajoutait au moins 20 ans d'âge à la fashion victim des années 80. Cathy Gauthier, elle, a sa propre explication.

 

«À 15 ans, je voulais me vieillir pour entrer dans les bars. J'avais cette permanente, j'étais maquillée comme un clown maléfique, je portais des vestons avec des épaulettes trop grandes... Que d'erreurs sur une si jeune personne! Ça marchait, j'avais l'air plus vieille qu'aujourd'hui.»

Réputée pour faire de «l'humour de gars» - alors qu'elle ne fait au fond que de l'humour sans dentelle -, Cathy Gauthier ne cache pas sa coquetterie. «Oui, je suis «fierpète», comme on dit. Avant, je pouvais prendre 1h30 à me préparer pour sortir, il m'arrivait même de rater des jours d'école parce que je n'aimais pas mes cheveux. Je n'allais pas à l'école pour apprendre...»

Non, elle savait déjà ce qu'elle voulait: faire rire les gens, ce qui l'a conduite à Montréal en 1998 avec 14$ en poche, la veille de son entrée à l'École nationale de l'humour, à 21 ans. Quand elle regarde le chemin parcouru, elle ne regrette pas d'avoir tenu bon, et bien qu'elle soit fière de sa réussite, elle estime qu'elle n'avait pas le choix: «Je ne savais rien faire d'autre!»

Décoiffante, Cathy Gauthier? C'est ce qu'on a dit d'elle dès le début, lorsqu'elle s'est installée dans le créneau peu convoité de la fille-qui-fait-de-l'humour-cru. L'étiquette n'attendait que son front. Pour son deuxième one woman show, elle a été tentée de s'en défaire, en voulant adoucir un peu plus son style. L'auteur François Avard, avec qui elle écrit ses textes, lui a alors demandé si elle savait que le groupe Kiss avait déjà fait un album de ballades. Devant sa perplexité, il lui a lancé: «Tu vois, personne ne s'en souvient. Tu as tellement travaillé fort et bûché pour faire ta place avec le genre d'humour que tu nous a présenté, ce serait plate que tu changes de couleur.»

Alors plutôt que de se dénaturer, Cathy Gauthier a choisi d'ajouter une couche de plus à sa couleur, «d'élargir sa palette» comme elle dit, en incorporant un peu de sa sensibilité aux textes. Ce qui la dérangeait, en fait, était d'être qualifiée de vulgaire, «alors que pour moi, la vulgarité, c'est quelque chose de pas fini, qui n'a pas été réfléchi. C'est pas plus facile d'écrire une bonne joke de cul qu'une joke politique.»

Roxy et ses nouveaux amis

Cathy Gauthier se définit plutôt comme une fille prude et très traditionnelle, assez pour faire sursauter ses amies féministes. «J'ai des valeurs très anciennes, du genre les femmes à la maison et les hommes au travail, lance-t-elle. Je ne comprends pas que les femmes qui ont des enfants en très bas âge travaillent et les laissent à la garderie. Être mère, c'est un travail en soi qui n'est malheureusement pas reconnu, alors que c'est la plus belle affaire que tu peux faire pour tes enfants que de rester avec eux. Quand je dis ça, je me rends compte que ça choque beaucoup plus que de parler de pipes en char, parce que ça a l'air super rétrograde.

«En vérité, la chose la plus cochonne que j'ai faite dans ma vie, c'est de manger une poutine, deux cheese et un pogo!» dit-elle, en avouant qu'elle n'aime pas parler de sexe dans la vraie vie. Ce n'est pas pour rien qu'elle a fait de son personnage dans la sitcom Roxy une fille vierge, alors que dans son premier show, elle racontait avoir baisé avec 347 gars. C'était un désir de rappeler au public qu'elle joue justement un personnage, sur scène comme à l'écran. Avec pour résultat que Cathy Gauthier est persuadée d'avoir rejoint un nouveau public. «La preuve, c'est que les billets de mon spectacle sont sold-out avant la première et qu'on est déjà en supplémentaires.»

Dans ses nouveaux numéros, elle abordera sa peur d'être une «madame», son amour pour Céline Dion, sa séparation, les hommes roses, son côté garçon, les adolescents et les enfants, l'histoire d'une mauvaise date, avec au final une vidéo de sa visite dans un sexshop où l'on pourra assister à son traumatisme live. Quand elle dit qu'elle est prude... «Mais j'ai gardé plusieurs blagues salées, parce que, que veux-tu, le monde aime ça!»

Cathy Gauthier décoiffe, première le 18 mars, 20h, au Monument-National.