Des femmes imparfaites, il en existe quelques-unes. Mais Mathieu Gratton cherche le bon modèle, comme il l'expliquait hier au Gesù dans son nouveau spectacle À la recherche de la femme imparfaite.

C'est un peu la suite de Les ex, le spectacle-autopsie sur sa rupture avec Patricia Paquin. Il parle encore du couple, cette fois comme quête.Oui, le sujet est familier. Mais il n'est pas pour autant vidé de son jus. C'est seulement qu'avec chaque jour qui passe, il faut presser un peu plus fort pour en tirer quelque chose d'original.

À cet égard, le travail de Mathieu Gratton est inachevé. Sur la forme, c'est réussi. Stand-up solo et sketchs à deux s'imbriquent habilement dans une succession de tableaux, tous entrecoupés d'une vidéo (mise en scène de Fritz Laungenmark).

Le problème, c'est le contenu. L'humoriste parle de ses différentes aventures, fréquentations et fantasmes. Toutes sont jouées par Karine Lagueux. Elle incarnera l'handicapée rencontrée sur Réseau Contact, la meilleure amie avec bénéfice, la baise de service, la crécelle groupie du Radio Lounge, le médecin et l'escorte. Il y aura aussi une poupée gonflable.

Avant d'écrire son spectacle, Gratton dit avoir rencontré des échantillons de ces prototypes de femmes. Il s'est ensuite enfermé dans un appart du Vieux-Montréal, avec pour seul contact avec le monde extérieur sa muse (et non conjointe) Anne-Marie Losique, qui venait le nourrir quotidiennement.

Bref, il y a un réel travail d'écriture. Mais cela ne se remarque pas beaucoup sur scène. Il sera notamment question d'une fille qui boude, d'un beau-père au vin maison imbuvable et d'un gars hésite à baiser durant le match du Canadien. Plusieurs rebondissements sont facilement prévisibles.

Dans la foule, des couples se tapaient du coude, peut-être amusés de reconnaître leurs travers. Quant à nous, on sourit, mais on ne rit pas beaucoup.

Les gags sont très grivois. Gratton en ose plusieurs crus et salaces. «Ils piquent des chats pour bien moins que ça», lancera-t-il à sa partenaire de rut. Contrairement à certains humoristes pantouflards, Gratton prend des risques. Cela conduit parfois aux meilleurs gags.

Mais à d'autres moments, en forçant trop la note, il tombe dans le burlesque sexuel. Voir un jet d'eau qui passe du cul au vagin, ce n'est pas désopilant.

Même impression dans les sketchs à deux. L'écriture y rappelle le théâtre d'été. L'humour devient physique et caricatural, pas toujours pour le mieux. Mise en scène : il ne reste plus de kleenex. Pour ne pas souiller les draps, monsieur ne veut pas se retirer après l'orgasme. S'ensuit donc une gambade en levrette jusqu'au supermarché.

Précisons toutefois que la foule, en bonne partie dans la vingtaine et trentaine, a semblé apprécier.

Pour son nouveau spectacle, Gratton a eu de bonnes idées et de bonnes intentions. Le résultat ne manque pas non plus de mordant. Seulement de finesse.

À la recherche de la femme imparfaite tombe dans la catégorie densément peuplée des spectacles d'humour dont la critique aurait pu se résumer en quatre mots : inégal mais pas pire.

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À la recherche de la femme imparfaite, le 10 mars à la salle Albert-Rousseau de Québec, le 20 mars au Cabaret-Théâtre de Saint-Jean-sur-Richelieu puis ailleurs en province.