À minuit ce soir au Club Soda, les lumières s'ouvriront et la foule se souhaitera bonne année, 24 heures à l'avance. C'est la 13e Veillée de l'avant-veille, soirée de musique et de danse traditionnelle et «répétition officielle du jour de l'An». Vent du Nord est encore une fois le groupe-hôte. Le quatuor de Lanaudière invite Nicolas Pellerin (frère de l'autre) et ses Grands Hurleurs.

«En tant que bons hôtes, on va briser la glace, annonce Nicolas Boulerice, cofondateur de Vent du Nord. On laisse le groupe avec le plus de percussions et de décibels jouer en deuxième.»

Les deux formations se rejoignent dans leur volonté, comme le veut l'expression galvaudée, «d'actualiser la tradition». «Le nouveau terrain de jeu des musiciens traditionnels, ce sont les timbres, développe Boulerice. Nicolas et nous, on essaie chacun de notre côté d'enrichir l'instrumentation avec des choix inusités. On le fait avec la vielle à roue, des accordéons à deux rangées, des bouzoukis et des slide bouzoukis, ou encore des violons accordés à l'ancienne et à la façon celtique. Nicolas, lui, ajoute une basse électrique dans les reels et du violoncelle.»

Comme d'habitude, la soirée se terminera par des danses traditionnelles animées par un câlleur - cette année, Pierre Chartrand. «Avec quelque 700 personnes dans le Club Soda, c'est peut-être la plus grande danse traditionnelle organisée au Québec, estime Nicolas Boulerice. Et il y a plus de novices que d'habitués. Grâce au contexte plutôt pop, avec la salle et la période des Fêtes, on attire un autre genre de public. C'est le contexte parfait pour que les néophytes s'initient.»

Succès au Sud

Chaque mois de décembre, la trad bien fignolée ou un peu arriérée apparaît magiquement - et très temporairement - sur les ondes des radios commerciales. Et les mêmes sujets de conversation reviennent. Comment la trad peut-elle profiter de cet intérêt soudain du public sans se caricaturer? Et pourquoi les meilleurs groupes du genre, comme Vent du Nord, sont-ils plus populaires à l'étranger que chez eux?

Pas inintéressant, tout cela. Mais parlons plutôt de 2009, une autre excellente année pour Vent du Nord. Leur quatrième disque studio La part du feu vient d'apparaître dans le top 10 des disques folk du Boston Globe et dans le top 10 des albums internationaux du Los Angeles Times. Pas mal.

«Pour Boston, je suis un peu moins surpris, indique modestement Boulerice. On tourne beaucoup dans le Nord-Est des États-Unis, là où les racines celtiques sont fortes. Mais Los Angeles? J'ai souri en l'apprenant. On a déjà joué beaucoup là-bas, entre autres dans une série de concerts organisée par Disney (...) Et on a déjà fait la première page du cahier week-end du Times. Mais ça reste un petit succès critique. Non, on n'est pas sur le point de jouer dans les partys de Beverly Hills...»

Pas grave, Vent du Nord s'amuse quand même. Il y a trois semaines, le groupe donnait deux concerts avec l'Orchestre symphonique de Québec (plus de 70 musiciens). On pourra entendre le résultat demain soir sur les ondes d'Espace musique.

La rentrée de janvier

Ce soir, à la Veillée de l'avant-veille, le groupe proposera un concert plus festif pour célébrer la quasi-fin d'année. Puis en janvier, il fera sa rentrée montréalaise dans un autre genre de spectacle.

«On laissera beaucoup de place aux textes et au volet historique (comme les nouvelles chansons sur la révolte des Patriotes ou sur Montcalm). Michel Faubert signera notre mise en scène. C'est le gars parfait, le seul qui aime la trad tout en étant assez détaché pour y jeter un regard extérieur et contemporain. Mais je ne veux pas en dire plus. On s'en reparle dans quelques semaines.»

La Veillée de l'avant-veille, avec Vent du Nord, Nicolas Pellerin et le câlleur Pierre Chartrand, ce soir à 20h30 au Club Soda.