L'humoriste et l'auteur forment un vieux couple. Ils partagent une même idéologie, se scandalisent des mêmes choses et travaillent ensemble depuis 15 ans, depuis que François Avard a enseigné à Martin Matte à l'École nationale de l'humour.

Un vieux couple qui s'aime d'amour?

«J'aime sa manière de faire de l'humour. Quand je le vois en spectacle, il me fait encore rire», explique François Avard. «Par contre, la première fois qu'on a pris notre bain ensemble, c'est sûr qu'on a été gênés...», blague Martin Matte, qui incarnera le chef de l'opposition et du parti Rouge aux Parlementeries.

«Lorsqu'il m'envoie ses textes, je connais tellement sa manière de faire, de penser, cela devient naturel de continuer d'écrire dans cet élan-là», souligne François Avard. L'écriture s'adapte au ton, à sa manière physique de raconter une histoire. Le même texte dit par un autre n'aurait pas le même impact.

Le rôle du collaborateur et complice, c'est aussi de continuer à pousser l'humoriste vers l'audace, croit François Avard. «Moi, je suis dans l'ombre, alors je m'en fous. Ce n'est pas à moi qu'on crie des noms!»

Pour y arriver, faut-t-il laisser son ego de côté? «Oui, mais c'est correct. Les humoristes sont excellents parce qu'ils ont un énorme ego», avance l'auteur des Bougon. «Les gens avec qui je travaille sont des naturels. Ce sont tous des auteurs à la base. Ils ont un style à eux. Mon rôle, c'est de jouer le caméléon et leur proposer du matériel qui va dans le sens de ce qu'ils font. Ce ne sont pas des interprètes.»

Monter sur scène? Il ne croit pas avoir le talent de le faire ni la patience de refaire le même spectacle 200 ou 300 fois, comme Martin Matte.

«Ce n'est pas gênant aujourd'hui pour un humoriste professionnel d'avoir un collaborateur avec qui partager ses angoisses, ses questionnements et même les choix qu'il fait, ajoute François Avard. Dans le temps d'Yvon (Deschamps), la compétition n'était pas la même. Martin serait très bon tout seul. Je bouche les trous qui restent.»

Aujourd'hui, les humoristes sont extrêmement sollicités pour faire des chroniques, animer des émissions, présenter des galas. Cela fait beaucoup de matériel à écrire. De plus, le public est beaucoup plus exigeant. «Les gens qui viennent s'asseoir pour un spectacle d'humour de deux heures s'attendent à beaucoup. Ils ont déjà écouté beaucoup de spectacles et d'émissions d'humour», constate Martin Matte.

Quand il travaille sur un spectacle solo, l'humoriste s'isole et écrit seul. Mais François Avard est pratiquement le seul à qui il montre ses textes. Celui-ci lui propose des idées en retour. Pour les galas, ils écrivent chacun de leur côté et mettent le tout en commun. Pour Les Parlementeries, ils font un peu la même chose, à la différence que Martin Matte a pu tester quelques blagues lors de ses spectacles.

Martin Matte se dit en désaccord «avec à peu près tous les projets de loi» du gouvernement Harper. Et François Avard a scénarisé le clip Culture en péril, en opposition aux coupes en culture. Leurs opinions politiques transparaîtront-elles dans le spectacle? Là-dessus, leurs avis divergent. Chose certaine, tous les partis y goûteront.