À l'occasion du Festival Juste pour rire, La Presse a demandé à des humoristes d'écrire des billets sur des sujets fournis par les lecteurs. Aujourd'hui: les Chick'n Swell abordent le délicat problème des maringouins.

D'après des sources inconnues et anonymes, Héma-Québec aurait pris la décision d'élever et de dompter des maringouins afin de pallier une pénurie chronique de sang.

Le président d'Héma-Québec aurait eu l'idée à l'occasion d'un voyage de pêche en Abitibi. «Je me faisais piquer par tellement de moustiques simultanément que j'avais l'impression d'avoir perdu la moitié de mon sang...» dit-il, un peu blanchâtre, le sourire aux lèvres.

De retour à ses bureaux de Montréal (en fait les bureaux sont à Longueuil, mais M. Allaire nous a demandé de dire qu'ils étaient à Montréal parce que ça fait plus prestigieux), Jean-Pierre Allaire s'est tout de suite mis à la recherche d'éleveurs de puces savantes pour savoir s'il était possible d'utiliser leurs techniques sur des maringouins. «C'est encore plus facile qu'avec des puces car les maringouins ont un cerveau deux fois plus gros», explique l'homme enjoué (et un peu moins blanchâtre, car il avait eu le temps de manger).

L'avantage avec les maringouins, c'est qu'elles sont (eh oui, il n'y a que les femelles qui piquent!) capables de reconnaître le type de sang qu'elles ingurgitent. Plus besoin de faire des tests en laboratoire; les maringouins se classent tout seuls à leur retour des piqûres. «En plus, on crée de l'emploi», se vante M. Allaire. En effet, 2881 personnes travaillent à temps plein pour extraire le précieux liquide des moustiques. «Au début, nous les écrasions un par un avec nos doigts. Mais nous avons perfectionné notre méthode: nous plaçons maintenant les maringouins dans un tonneau et nous les écrasons avec nos pieds. Par la suite, le sang est embouteillé et placé dans une cave. Le rouge le plus populaire: le A+ vieilli 10 ans!»

Les premiers essais sont en cours à Sherbrooke et à Trois-Rivières et les résultats sont plutôt probants. «Ce sont deux bons endroits, car ce sont des villes universitaires, remplies de jeunes avec du sang neuf! En plus, le nombre de bars-terrasses est plus élevé au pro rata par habitant.» Mais doit-on se poser des questions d'éthique? Pas selon M. Allaire. «De toute façon, la plupart de ces gens-là se seraient fait piquer par un maringouin un moment donné... On ne fait qu'accélérer le processus.» Ce n'est pas ce que l'Association des hémophiles du Québec en pense. Un hémophile de Magog serait mort, vidé de son sang, et on tente de blâmer l'expérience d'Héma-Québec (et ce, même si on avait trouvé l'homme évanoui, les jambes sous sa tondeuse).

Aujourd'hui, Héma-Québec possède plus de 60 % des maringouins du Québec. Afin de pouvoir aider à la collecte de sang et donc aider à sauver des vies, Héma-Québec vous prierait de ne pas tuer de maringouins cette année et si possible de vous dévêtir en présence de moustiques. Les maringouins d'Héma-Québec sont facilement reconnaissables par leur grain de beauté sur la patte arrière gauche. Bien sûr, si vous en avez assez de vous faire piquer, il vous suffit de vous présenter à une collecte de sang près de chez vous. Dès lors, votre nom sera rayé de la «liste-maringouin» et vous serez le seul à profiter des belles journées d'été... comme personne n'en a profité!