Forte d'un an de succès au Cabaret Cléopâtre, la bande du cabaret Bio Dégradable débarque dans la programmation de Juste pour rire, à l'invitation de Gilbert Rozon. Unanimement acclamé (et unanimement ri), ce spectacle où des comédiens lisent intégralement les autobiographies de nos vedettes est un incontournable on vous le dit parce qu'on l'a vu, et revu, et re-revu...

On aime bien quand les vedettes nous ouvrent leur coeur, mais certains en font un peu trop. Surtout si on leur donne du papier et un crayon, et qu'on les abandonne sans supervision. Les résultats sont parfois... consternants. Too much information, disent les Anglais...

Katherine Riva et Didier Morissonneau, les concepteurs du cabaret Bio Dégradable, se sont tapés plus de 20 000 pages d'autobiographies pour dénicher les meilleurs extraits. Ils sont en quelque sorte devenus des spécialistes du genre. «Après avoir lu 150 livres, on sait maintenant que la deuxième autobiographie est la meilleure, note Didier, pince-sans-rire. Parce que tout a été dit dans la première et que dans la deuxième, on raconte les choses les moins intéressantes. On aime beaucoup aussi les autobiographies de gens très jeunes qui n'ont rien vécu et qui étirent ce rien sur 250 pages.»

«Ils ont tellement l'impression d'avoir une vérité, une conscience, un éveil, et ils se mettent à réfléchir sur la vie de façon tellement naïve», constate Katherine.

«Dans le fond, on est des chercheurs d'or et on cherche la pépite, explique Didier. Par exemple, Julie Lemay de Loft Story a beaucoup de pépites. Élisabetta, c'est un chef-d'oeuvre. Dès la première page, au premier chapitre intitulé «Un destin de princesse», c'est magique. C'est même pas une gagnante de Loft Story

Le couple a découvert le concept lors d'un voyage à New York, dans un petit club où l'on lisait notamment l'autobiographie de Sylvester Stallone. «On s'est dit que ce serait le fun de faire ça ici, parce qu'on a nous aussi beaucoup d'autobiographies de vedettes locales, raconte Didier. Le genre de livres un peu inutiles qui, magnifiés sur scène, prennent une seconde vie... Ça parodie beaucoup de choses, ce n'est pas juste la dénonciation de l'enflure et de la vanité des vedettes. Ça parodie aussi les cabarets littéraires un peu plates. Parce qu'on traite ces gens-là comme des auteurs - ce qui est ironique, puisque la plupart n'ont pas écrit leur livre. On a aussi un petit clin d'oeil politique et écolo, parce qu'on est associés à Arbres Canada, à qui on remet une partie des profits. Il ne faut pas oublier qu'on a tué des arbres pour ça, et on veut rendre à la nature ce qu'on lui a enlevé.»

C'est ma vie, je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisie

Les comédiens qui participent au cabaret Bio Dégradable ne s'en lassent pas. «Même après un an, je suis mort de rire», avoue Pierre-Luc Brillant, qui a l'insigne honneur de lire Mario Pelchat sur scène. Qu'a-t-il appris sur Mario? «Pas grand-chose en fait. Qu'il a existé? En tout cas, il a «upgradé» d'une Renaud à une Honda Civic quand le succès l'a attaqué par derrière.» Rémi-Pierre Paquin a quant à lui tout appris sur les années disco en lisant la bio de Martin Stevens. «J'ai compris c'était quoi la drogue en lisant son livre. J'ai aussi appris qu'il avait refusé de faire une pub de Coca-Cola parce qu'il buvait du Pepsi...»

Karen Elkin (alias Andrée Boucher) et Marie-Lyse Laberge-Forest (alias Anne Létourneau) ont hésité un peu avant de se lancer dans cette aventure, pour des raisons morales. Mais à voir la réaction hilare de la foule, elles ont continué. «Quand on lit ça, c'est tellement absurde, c'est tellement gros, ça n'a pas de sens que les gens aient donné leur aval à ça», dit Marie-Lyse. «Nous, on est seulement le messager, précise Karen. On fait la lecture en ne changeant aucun mot. Le lavement intestinal d'Andrée Boucher, c'est vraiment quatre pages consécutives, ce n'est pas hors contexte.»

Kim Lavack-Paquin, qui alterne entre Marie-Chantal Toupin et Danielle Ouimet sur scène, a sa petite idée sur le phénomène. «Il y a certains artistes qui ont des choses à dire, mais pour la plupart, c'est leur manque de pudeur qui est évident. Ils pensent que leur vie quotidienne et leurs petits malheurs touchent les 5000 personnes qui achètent le 7 jours quand il font la une.»

«Ce qui est drôle, c'est qu'on se dit que quelqu'un a écrit ça et que quelqu'un d'autre a eu envie de le publier», explique Charles-Alexandre Quesnel, très fier d'incarner Mad Dog Vachon.

Parce que les écrits restent, comme le prouve magnifiquement le cabaret Bio dégradable. Un incontournable, on vous le jure.

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Le cabaret Bio dégradable, dès ce soir, 20 h, et jusqu'à dimanche à l'Astral.