En pleine controverse sur sa candidature antisioniste aux élections européennes, Dieudonné sera à Montréal les 11 et 12 mai pour assurer la promotion de son nouveau spectacle, Sandrine, programmé du 10 au 14 juin au théâtre Corona.

Dieudonné a confirmé la semaine dernière sa tournée promotionnelle. Comme lors de ses récents passages, Dieudonné produit lui-même son spectacle, précise l'attachée de presse de l'événement, Carla Beauvais. Les tollés suscités par les prises de position antisionistes de Dieudonné n'ont pas entamé la popularité de l'humoriste au Québec, croit-elle.«Il y a toujours les mêmes inquiétudes, mais les salles sont toujours pleines: il y a quand même un «fan base» ici. Pour ceux qui aiment Dieudonné, il n'y a pas de problème. Pour les médias et le lobby juif, c'est peut-être autre chose», croit Mme Beauvais.

«Il peut avoir du succès, mais il soulève toutes sortes d'idées inacceptables, déplore le porte-parole du groupe de pression juif B'nai Brith, Steven Slimovitch. Sa réception devrait être encore plus froide qu'en France: on parle (au Québec) d'une société multiculturelle et multilingue.»

Depuis son plus récent passage à Montréal, pour J'ai fait l'con, l'été dernier, Dieudonné a beaucoup fait parlé de lui en France. D'abord, quand il a choisi le leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen comme parrain de sa fille ou quand il a invité, en décembre, sur la scène du Zénith, le négationniste multirécidiviste Robert Faurisson.

Au Québec, Dieudonné a été condamné en février à verser 75 000 $ à Patrick Bruel, qu'il avait qualifié de «militaire israélien» lors d'une émission des Francs-tireurs, à Télé-Québec. Point d'orgue de cette année chargée: la présidence française a fait savoir, le week-end dernier, que les listes de candidats antisionistes de Dieudonné pourraient être privées du scrutin européen du 7 juin.

Dans Sandrine, Dieudonné devrait toutefois s'en tenir à des propos plus «sociaux que politiques», dit le communiqué envoyé aux médias. C'est la violence conjugale qui sera le fil conducteur du spectacle, campé dans un tribunal où défileront, entre autres, un avocat africain, un médecin chinois ou encore un curé.

Humoriste ou politicien?

Dans la foulée de toutes ces controverses, le Congrès juif québécois refuse de qualifier Dieudonné d'humoriste. «Il est candidat politique en France: c'est quelqu'un qui travaille à faire diffuser des idées antisémites, antidémocratiques et antioccidentales», estime Adam Atlas, le président désigné du Congrès juif québécois.

M. Atlas ne croit pas toutefois que les salles montréalaises devraient imiter les salles françaises qui ont, pour certaines d'entre elles, refusé d'accueillir les spectacles ou conférences de Dieudonné ce printemps. «Nous appuyons pleinement la liberté d'expression, mais nous espérons que Dieudonné ne va pas faire abus de ce droit pour promouvoir la haine.»