L'humoriste controversé français Dieudonné a fait salle comble mercredi à Bruxelles, où des centaines de personnes sont venues voir son spectacle Liberté d'expression en dépit des protestations d'une cinquantaine de manifestants dénonçant un «message de haine».

D'abord interdite par la commune de Saint-Josse - le quartier le plus pauvre et le plus multiculturel de la capitale belge -, la «conférence-spectacle» de Dieudonné avait finalement été autorisée lundi par le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative belge.

Dieudonné avait provoqué un tollé en décembre en conviant sur scène, lors d'un spectacle à Paris, le négationniste de la Shoah Robert Faurisson. Plusieurs de ses représentations ont depuis été annulées, notamment dans le nord et l'est de la France.

Quelque cinquante personnes avaient répondu à l'appel à manifester contre sa venue à Bruxelles lancé par l'Union des étudiants juifs de Belgique (UEJB).

Face au Marignan, un ancien cinéma pouvant accueillir 400 personnes, les manifestants portaient des pancartes où l'on pouvait notamment lire «Le négationnisme n'est pas une opinion, c'est un délit». Les opposants à Dieudonné étaient maintenus par la police à une trentaine de mètres de l'entrée de la salle par la police. Aucun incident n'a été relevé.

«Étudiants, Belges, Bruxellois,... nous ne sommes pas d'accord que quelqu'un qui diffuse un message de haine viennent se produire tranquillement à Bruxelles», expliquait le président de l'UEJB, Kevin Hirsch.

Ce qui n'a pas empêché la vente de tous les billets et la programmation d'une seconde représentation plus tard dans la soirée.

Dans la queue, un jeune Bruxellois d'origine italienne, Libero, estimait que Dieudonné était «le plus grand des humoristes francophones depuis Desproges et Coluche». «À l'époque, ils disaient ce qu'ils voulaient, il y avait la liberté d'expression», déclarait le jeune homme.

Présents discrètement dans la salle, des policiers devaient vérifier si des propos négationnistes n'étaient pas prononcés durant le spectacle, ce qui constituerait un délit en droit belge, a appris l'AFP de source proche des autorités.

Né en 1966 en banlieue parisienne, d'une mère française et d'un père camerounais, de son vrai nom Dieudonné M'Bala M'Bala, il a été condamné à plusieurs reprises pour des propos sur la Shoah et les Juifs. Il avait été condamné notamment pour avoir comparé les Juifs à des «négriers».