Le Cirque du Soleil n'en finit plus de faire des émules. Deux de ses ex-clowns, Dimitri Bogatirev et Iryna Ivanytska - qui habitent à Las Vegas -, nous présentent cette semaine Aga-boom, leur premier spectacle à titre de clowns libres. Entretien sur l'art clownesque théâtral.

Ils sont tous deux nés en Ukraine. Ont tous deux fait leurs classes dans de grandes écoles d'art, travaillé sept ans pour le Cirque du Soleil (Alegria et O), et voyagé partout dans le monde avant de lancer leur entreprise familiale «à dimension humaine» qui puise ses sources dans le théâtre de l'absurde.

 

La vie de bohème, ils connaissent. Dimitri Bogatirev et Iryna Ivanytska ont vécu dans leurs valises et leurs perruques depuis leurs tout débuts. Leur aventure américaine, qui a commencé à Vegas avec O, se poursuit avec Aga-boom, un spectacle sans paroles créé en 2002 qui se réclame de l'art clownesque théâtral.

«C'est un spectacle familial où nous nous amusons à dire aux gens ce qu'ils peuvent faire, ce qu'ils ne peuvent pas faire, et les conséquences qui en découlent. Il y a beaucoup d'improvisation, le spectacle n'est jamais tout à fait le même», confie Dimitri Bogatirev lors d'un entretien téléphonique.

Aga-boom met donc en scène trois clowns, Aga et Boom formé par le couple Bogatirev-Ivanytska ainsi que le trait d'union (-), interprété par Valery Slemzin... Un autre personnage fait parfois des apparitions, Mini-boom, interprété par le garçon de Valery Slemzin. «Nous n'évoquons ni la politique ni la religion, précise Dimitri. Notre but est d'égayer la vie des gens.»

Le trio de clowns feel good revient d'ailleurs d'une tournée au Mexique, qui les a menés dans l'État du Chihuahua, au nord du Mexique. «Imaginez un endroit qui regroupe des membres de la mafia, des barons de la drogue et des officiers de l'armée... On avait un peu peur, rigole-t-il, mais tous les billets se sont vendus!»

Aga-boom, inversion du mot russe boomaga (qui signifie «papier»), explore ce matériau sous toutes ses formes, notamment les confettis... et le papier de toilette. La musique a été composée par le frère de Dimitri, Vasyli Bogatirev, qui a également composé des pièces musicales pour le Cirque du Soleil.

Des clowns drôles

Les spectacles de clowns, au Québec, ont connu leur part de succès. On pense notamment à Slava Polunin, à l'origine du Slava Snow Show, présenté ici à quelques reprises et dont le spectacle créé il y a 15 ans tourne encore aujourd'hui un peu partout dans le monde. D'ailleurs, Bogatirev connaît bien Slava, les deux clowns étaient de la tournée d'Alegria, du Cirque du Soleil.

«Slava est un très bon acteur, avoue-t-il. Mais c'est un clown plus triste, avec une touche plus dramatique. Son personnage est plus ancré dans la tradition clownesque russe. Notre spectacle est plus un show d'avant-garde qui se rapproche du théâtre kabuki (école de théâtre japonais, née des spectacles de marionnettes). Nous voulons être drôles!»

Mais cette forme artistique, populaire en Russie, en Europe et même en Amérique du Sud, attire-t-elle les foules aux États-Unis? «C'est difficile, répond Dimitri. Mais j'aime les défis! Ici, les spectacles de clowns sont considérés comme du divertissement cheap pour enfants. Et puis, il y a une phobie des clowns... Les gens ont sans doute encore en mémoire le film It (adapté du roman de Stephen King), où un clown tuait des enfants... Alors on propose une thérapie clownesque!»

Un défi donc, mais certainement pas le premier que le couple a relevé au fil des ans... Dimitri Bogatirev, qui est également peintre, a commencé à faire de la pantomime à Odessa, une ville d'artistes en Ukraine. Dans l'armée, il a présenté des sketchs de style Benny Hill, dans une base militaire russe en Afghanistan, il a chanté et fait du mime et, récemment, dans une base américaine au Japon, il a présenté un spectacle de clown.

«La vie est difficile, c'est pourquoi nous avons voulu créer un monde où les gens peuvent vivre des moments de bonheur. Aga-boom s'adresse aux adultes, mais les enfants nous aiment parce que nous sommes des clowns et nous sommes drôles...»

Aga-boom, à la salle André-Mathieu de Laval du 18 au 21 décembre.