En raison de la perte d'une subvention de 1,7 million de dollars annoncée la semaine dernière par Industrie Canada, les FrancoFolies sont en mode de gestion de crise totale, affirme le président, Alain Simard.

«On a l'air fou, on a dépensé de l'argent qu'on n'avait pas reçu. Et dans le contexte budgétaire où tout le monde coupe, ça tombe mal en maudit», d'affirmer le patron de l'Équipe Spectra, qui n'a pas chômé depuis que, vendredi dernier à Hong Kong, il a appris qu'Industrie Canada coupait sa subvention. Mais ça ne l'a surtout pas empêché de fourbir ses armes depuis.Alain Simard a beau relire les critères d'Industrie Canada, il ne comprend toujours pas cette décision qui prive les FrancoFolies d'une subvention à laquelle le festival avait droit (l'an dernier, c'était 1,5 million), une somme essentielle à moins d'un mois de leur ouverture. D'autant plus que la date de dépôt des demandes avait été devancée pour rendre les réponses aux postulants le 1er avril. Or, la mauvaise nouvelle est tombée avec plus d'un mois de retard, le 7 mai. Une semaine avant cette annonce, les fonctionnaires ne savaient rien des raisons de ce retard anormal, affirme Simard.

«Les FrancoFolies sont le neuvième événement en importance au Canada en termes d'assistance et de budget, note-t-il. Parmi les 15 événements de 5 millions et plus subventionnés l'an dernier, il n'y en a que deux qui ne sont pas renouvelés (le Festival du film de Toronto n'a pas fait application cette année): les FrancoFolies et Montréal en lumière. Tous deux de Montréal, la ville des festivals!»

En 2009, Industrie Canada a mis sur pied ce Programme des manifestations touristiques de renom doté d'un budget de 100 millions pour aider en période de crise économique les manifestations bien établies qui attirent un nombre important de touristes. La semaine dernière, un porte-parole du ministre Tony Clement disait qu'Industrie Canada voulait désormais distribuer plus équitablement l'argent entre les régions du Canada. En 2009, Toronto et Montréal ont obtenu 60% des fonds de ce programme.

«Ils disent aujourd'hui qu'ils ne subventionnent que deux événements par ville (le Festival de jazz et Juste pour rire, à Montréal). Ils ont sorti ce lapin d'un chapeau en conférence de presse, dit Simard. Ils font du saupoudrage, mais ils changent complètement les règles du jeu: il n'en a jamais été question auparavant.»

Pis encore, constate-t-il chiffres à l'appui, la majorité des événements touristiques qui recevront une subvention en 2010 ne respectent pas les critères du programme (voir plus bas).

Dépenses importantes

Les Francos, ajoute-t-il, ont dû dépenser des sommes importantes pour répondre aux objectifs du programme d'Industrie Canada. Des sommes incompressibles, en publicité notamment, qui les forcent aujourd'hui à couper dans la programmation à moins d'une solution de dernière minute.

Comme les spectacles en salle sont annoncés depuis longtemps, c'est dans la programmation gratuite en plein air qu'il faudrait sabrer. Elle avait connu un beau succès l'an dernier avec un grand spectacle par soir dans la place des Festivals.

Les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là. Les Francos traînent un déficit accumulé de 700 000 $, qu'on pensait bien réduire en déménageant en juin mais qui, estiment les organisateurs, s'accroîtra d'un million sans aucune aide additionnelle.

«Le ministre Tony Clement ne m'a pas rappelé, dit Simard. On a envoyé une lettre à tous les ministres du fédéral et du provincial afin d'obtenir une aide d'urgence non récurrente pour pallier à ce manque.»

Les organisateurs des Francos suggèrent que Patrimoine Canada augmente sa subvention qui est de 175 000 $, une somme inférieure à ce que touchent d'autres manifestations comme le Festival d'été de Québec (550 000 $), le Festival international de jazz, Luminato et Juste pour rire (un million chacun). Mais ça ne suffirait pas à combler le manque à gagner.

Critères du programme fédéral d'Industrie Canada

> Budget de trésorerie de plus de deux millions de dollars (celui des Francos était de 10 millions l'an dernier et de 11 millions pour 2010).

> Plus de 250 000 participants (823 400 en 2009)

> 10 % de touristes parmi les participants (21 % en 2009)

> Trois années d'existence (les Francos ont 22 ans)

> Trois jours de programmation (10 en 2010)

> Une stratégie de marketing et de forfaits (qu'ont les Francos)