Les artisans du théâtre répètent souvent que le spectateur arrive dans la salle avec la moitié du spectacle en lui, une manière de souligner l'importance du rôle qu'il joue dans la lecture de la représentation. Ce sera d'autant plus vrai lors du prochain Festival TransAmériques (27 mai au 12 juin). Sa programmation complète, dévoilée hier par Marie-Hélène Falcon, compte plusieurs oeuvres qui placent le spectateur au coeur du spectacle.

«Cette année, les festivaliers sillonnent la ville et sont appelés à jouer un rôle bien particulier à l'intérieur de plusieurs spectacles présentés», a insisté la directrice artistique et générale de l'événement. Elle faisait bien sûr référence à Ciels, de Wajdi Mouawad, qui enferme le spectateur dans l'aire de jeu et à Tragédies romaines, d'Ivo Van Hove, qui laisse au contraire l'assistance se promener librement dans un théâtre transformé en centre de congrès.

 

Elle visait toutefois davantage trois oeuvres qui ont besoin de la participation du public et qui, de surcroît, sont présentées au grand air: Le très grand continental (Sylvain Émard), le parcours urbain Tu vois ce que je veux dire?, au cours duquel une personne est guidée à l'aveugle dans les quartiers Villeray et Parc-Extension, et Domaine public. Décrit comme «un jeu de société géant», cette oeuvre de Roger Bernat (Catalogne) «à situer dans le prolongement du théâtre» transforme littéralement le spectateur en acteur.

De l'Afrique et d'ici

La foisonnante programmation de 26 spectacles - moitié théâtre, moitié danse - est marquée par la présence de Faustin Linyekula, Seydou Boro et Salia Sanou, que Marie-Hélène Falcon décrit comme trois «figures majeures» de la danse en Afrique. «Elles incarnent le renouveau chorégraphique africain, qui se nourrit de la tradition et s'en affranchit parfois», commente-t-elle.

La délégation internationale compte également une troupe mexicaine, Lagartijas al sol, qui présentera deux spectacles: Catalina et Asalto Al Agua Transparente. «Il était vraiment important de donner une idée de ce qu'ils font sur deux spectacles», dit la directrice du FTA, qui a aussi réinvité le Nouveau Théâtre de Riga. Alvis Hermanis, qui a présenté The Sound Of Silence l'an dernier, revient avec un conte cruel qui parle d'une femme qui a tout... sauf la beauté (Sonia).

Du côté de la création québécoise, rappelons que la chorégraphe Ginette Laurin présentera Onde de choc en primeur mondiale au festival et que Wajdi Mouawad y termine la tournée de sa trilogie (Littoral, Incendies, Forêts). Fidèle, Marie-Hélène Falcon réinvite Frédérik Gravel, qui présentera Tout se pète la gueule, chérie, une oeuvre pour quatre danseurs dont Dave St-Pierre. Claude Poissant proposera en outre une relecture chorale pour cinq acteurs de The Dragonfly Of Chicoutimi, pièce de Larry Tremblay que Jean-Louis Millette interprétait seul à sa création, au FTA, il y a 15 ans.

Les fans de Louise Lecavalier se réjouiront d'apprendre qu'elle se produira à l'Usine C (du 9 au 11 juin) dans un programme double composé de duos: Children (de Nigel Charnock avec Patrick Lamothe) et A Few Minutes Of Lock (avec Elijah Brown) qui, comme son titre l'indique, constitue un retour à l'oeuvre d'Édouard Lock. Enfin, le metteur en scène Jérémie Niel fait équipe avec le cinéaste Denis Côté pour Cendres, adaptation d'un roman afghan.