Le Groupe financier Banque TD, déjà partenaire du Festival international de jazz de Montréal, en deviendra le commanditaire principal à compter de l'an prochain.

«C'est une grande nouvelle pour nous», a lancé Alain Simard, le président du FIJM, hier matin en conférence de presse, en précisant que plusieurs compagnies avaient manifesté leur intention de succéder à General Motors à titre de «présentateur» du grand festival.«Nous avons opté pour une institution dont nous connaissions la culture et qui s'est avérée depuis six ans un partenaire solide et respectueux.» TD - le sixième groupe bancaire en importance en Amérique du Nord - commandite encore cette année le Club Jazz TD Canada Trust, l'une des deux scènes du FIJM vouées exclusivement au jazz.

Pour TD, la décision d'accroître son rôle au FIJM a été facile à prendre, a pour sa part indiqué Bernard Dorval, chef, stratégie de groupe. «Nous partageons plusieurs valeurs avec le Festival, la première étant le sens de la collectivité; une entreprise comme la nôtre n'a de sens que par sa présence dans la communauté. Nous croyons aussi au rôle que s'est donné le Festival de faire rayonner Montréal et sa culture unique tant dans le reste du Canada qu'aux États-Unis.»

L'entente entre TD et le FIJM porte sur cinq ans et bien qu'aucun détail financier n'ait été révélé hier, nous savons de source informée qu'en 10 ans, la contribution de GM a totalisé 25 millions de dollars; en tenant compte de l'augmentation du coût de la vie du jazz, l'apport de TD doit avoisiner les 15 millions.

Le budget du Festival est de l'ordre de 30 millions et ses revenus se divisent également entre les subventions publiques, les commandites privées et les revenus autonomes.

TD, par ailleurs, est associé à sept autres festivals de jazz au Canada, dont quatre portent le nom «TD Canada Trust» (Toronto, Ottawa, Vancouver, et le TD Canada Trust Atlantic Jazz Festival de Halifax). Sur différents plans, TD est aussi lié aux festivals de jazz de Victoria, de Winnipeg et de la Saskatchewan, de même qu'au Toronto Beaches International Festival.

Cette présence d'un océan à l'autre peut-elle être à l'origine d'une certaine forme de synergie festivalière pancanadienne?

«Quand, après la saison, nous rencontrons les directeurs des différents festivals, nous nous penchons sur trois aspects précis, nous dira John Ratoff, le directeur des commandites de TD. Nous regardons les possibilités en termes de programmation commune, mais nous concentrons nos efforts sur l'action communautaire et l'environnement.» Tout en rappelant que tous les contrats de commandite du FIJM comportent une clause de non-ingérence dans la programmation, Alain Simard se dit ouvert à toute action commune qui s'avérerait profitable à son festival sans mettre en cause son indépendance artistique.

Entre-temps, le FIJM passera tranquillement au vert... TD. L'an prochain, la grande scène de la Place des festivals portera le nom du nouveau présentateur, comme la principale série de concert à la PdA, le salon de la Maison du jazz et le Grand Prix de jazz. Alain Simard s'est-il arrêté au fait que le grand festival montréalais serait désormais présenté par une institution identifiée à Toronto? «Je n'ai aucun problème avec ça. Nous venons de passer 10 ans avec une multinationale... Nous, on est dans le jazz; TD aime le jazz et va nous aider à croître.»

Et TD espère croître avec le jazz... Le groupe bancaire - 17 millions de clients dans le monde, 575 milliards d'actifs - ne cache pas sa volonté d'augmenter sa part de marché au Québec. «Il y a cinq ans, nous nous étions fixé un objectif de 100 succursales au Québec», nous dit Christine Marchildon, première vice-présidente, région Québec. «Nous sommes rendus à 104 (1100 au Canada) et nous nous rapprochons peu à peu de Desjardins et de la Banque Nationale qui occupent, à eux deux, la moitié du marché.»

TD est arrivé au Québec il y a 104 ans, à peu près en même temps que les ancêtres du jazz...