À sa huitième année, on peut dire que le Festival Voix d'Amériques (FVA) a atteint une belle maturité. Sa programmation, qui s'est étalée du 6 au 13 février, propose un savant équilibre entre expérimentations et classiques. Et sa directrice artistique, D. Kimm, confirme que le taux d'assistance aux spectacles a atteint les 95 %.

«Certains soirs, nous aurions pu accepter bien plus de gens», souligne-t-elle. Sauf qu'il n'est pas question de quitter la chouette salle de la Sala Rossa où le FVA continue année après année de s'épanouir en toute liberté. D'autant plus que ce festival réussi et de constante qualité n'a pas vu son financement bouger depuis quatre ou cinq ans...

 

En effet, sur place, nous avons pu constater que la plupart des spectacles affichaient complet. Notamment le très couru Combat contre la langue de bois (cinquième round), le show le plus médiatisé du FVA. Ont monté sur scène: Anaïs Barbeau-Lavalette, Enrica Boucher, Manuel Foglia, Louise Harel, Chantal Lamarre, Émilie Monnet, Yann Perreau et Émile Proulx-Cloutier. Ils ont dénoncé la politique sioniste d'Israël, défendu le droit d'être quétaine et l'aspect «abordable» de la langue de bois, critiqué les éditorialistes, le faux «parler vrai» et Francine (représentante du public cible de nombreuses émissions de télé ou de radio), ainsi que déploré notre manque de respect pour la planète et les artistes...

Le FVA commence même à faire des petits. C'est-à-dire qu'il devient un lieu où des collectifs sont en train de naître et qui, selon D. Kimm, pourraient oeuvrer toute l'année. La preuve: le spectacle Le miracle de Brahmine, réunissant les performeurs Marcelle Hudon, 2 boys.tv, Mobile Home, ZAL, Brigitte Henry et D. Kimm elle-même, qui nous ont offert une expérience tout à fait inusitée, inspirée de l'univers de Méliès, de Robert Houdin, des cabinets des curiosités et sciences occultes... Deux représentations d'un peu plus d'une heure, où tout l'espace de la Sala Rossa (et non seulement la scène) était utilisé. Étrange et inclassable, voire angoissant par moments... «J'étais ravie de voir comment le public s'est très bien adapté à la situation», note D.Kimm.

La sixième soirée Body and Soul, chouchou de la directrice artistique, mettant en vedette uniquement des femmes, était composée cette fois de danseuses qui nous en ont fait voir de toutes les couleurs. Étonnante intégration du texte et de la danse lors d'un spectacle magique avec Francine Alepin, les soeurs Schmutt, Marie-Hélène Bellavance, Catherine Tardif et Clara Furey.

Le 8e FVA s'est ouvert avec le spectacle de l'invitée d'honneur Marie-Jo Thério, en pleine production de son prochain album, et s'est terminé avec le Cabaret Dada surréaliste, qui avait eu un franc succès l'an dernier et qui reviendra l'an prochain, confirme D. Kimm. Ce sera un Cabaret Dada Queer, précise-t-elle...

Outre les spectacles principaux, il semble que les 5 à 7 ont été très populaires (entre autres celui du band Avec pas d'casque), de même que les irrésistibles Shifts de nuit à la Casa del Popolo, animés par l'imperturbable Michel Vézina (ex-chroniqueur du ICI), où des poètes invités et des poètes du public montent tour à tour sur scène le temps d'une lecture.

Malgré les problèmes de financement, le FVA va trop bien pour s'arrêter et D. Kimm nous assure qu'il reviendra l'an prochain. Il faut dire que son existence, en plein milieu du tristounet mois de février, est pratiquement devenue indispensable pour défier la déprime hivernale. Et l'on est heureux d'apprendre que D. Kimm est déjà en train de préparer le 10e anniversaire de son bébé...