Tcheka, qui se produit à la Tohu dans un programme partagé avec Alpha Yaya Diallo, vit dans l'île de Santiago qu'il dit la plus africaine de l'archipel du Cap-Vert, au large du Sénégal. Mercredi soir, cette belle voix de tête flottera dans l'amphithéâtre comme elle voltige dans son archipel natal.

«J'aime beaucoup mon pays, il est essentiel pour moi d'y résider pour m'en inspirer», amorce cet homme fier et calme. Il parle un français relativement limité, mais assez fluide pour tenir une conversation.

Tcheka, il faut dire, est le chanteur le plus en vue du Cap-Vert sur le circuit des musiques du monde. On sait que ce circuit regorge de chanteuses de la nouvelle génération (Lura, Sara Tavares, Mayra Andrade, etc.), les hommes semblent moins connus pour des raisons mystérieuses... Soulignons également que le style de Tcheka n'a que peu à voir avec la doyenne de la musique capverdienne moderne, l'incontournable Cesaria Evora.

«Depuis l'arrivée de Cesaria, la musique capverdienne a beaucoup évolué. Différentes approches sortent de l'archipel avec la contribution des générations qui la suivent. À ce titre, je crois que l'île de Santiago est actuellement la plus influente. Personnellement, je fonde ma musique sur les rythmes traditionnels de mon île: batuque, funana, tabanka, finaçon... Je travaille à partir de ces bases.» En toute fierté, Tcheka nous rappelle que ces musiques ont été interdites au temps de la dictature coloniale (portugaise), alors considérées comme révolutionnaires.

Une enfance en musique

Manuel Lopes Andrade, alias Tcheka, est né le 20 Juillet 1973 à Ribeira Barca. Son histoire est celle de tant de musiciens originaires des pays en voie de développement.

Il est d'abord éduqué par son violoniste de père, Nho Raul Andrade, très en demande dans les bals et les événements communautaires. «Mon père insistait pour que je devienne musicien, relate Tcheka. Quand je l'accompagnais, on travaillait avec les moyens du bord; pas de scène de théâtre, pas de sono, tout était acoustique. Petit, je devais marcher des kilomètres pour me rendre aux spectacles que mon père devait donner. J'en garde un très bon souvenir, ce fut parfait pour ma formation», raconte le guitariste et chanteur.

Pour un artiste aux origines si modeste, sa propulsion sur le circuit international des musiques du monde tient du conte de fées.

Au terme de l'adolescence, Tcheka a mis le cap sur Praia (la ville principale de l'archipel) où il allait obtenir un poste de cameraman à la télévision nationale. Il a fait alors la connaissance du journaliste Julio Rodrigues. Un tandem créatif était né. Rapidement, les deux compères ont présenté leurs chansons dans les petits lieux de la capitale capverdienne.

Repéré par le producteur José da Silva (Cesaria, étiquette Lusafrica), Tcheka acceptait d'assumer seul la création de ses chansons. Trois albums ont été créés depuis: Argui, Nu Monda et le plus récent, Lonji, réalisé par le Brésilien Lenine.

«J'écris des choses originales, dit Tcheka, c'est pourquoi je suis ouvert à toutes les collaborations qui s'annoncent intéressantes. L'objectif est toujours de créer les meilleures chansons afin d'exprimer mon identité le mieux possible.»

Tcheka se produit mercredi soir à la Tohu, 20h, avec Alpha Yaya Diallo.