Il se hisse en plein coeur de l'effervescent Quartier des spectacles, mais entouré qu'il est de cônes orange, vous n'avez peut-être pas encore remarqué sa nouvelle allure. Septembre sonne le mois de son ouverture officielle: l'édifice Wilder pourra enfin briller de tous ses feux en donnant au milieu de la danse montréalaise un lieu à la hauteur de ses ambitions.

À la fois lieu de diffusion, de création et de formation, cet ambitieux projet évalué à 99,2 millions de dollars réunit non seulement dans le même espace quatre institutions montréalaises de la danse (Les Grands Ballets canadiens, l'Agora de la danse, Tangente et l'École de danse contemporaine de Montréal), mais aussi le Conseil des arts et des lettres du Québec et le ministère de la Culture et des Communications.

Bref, tout un bouillon de culture pour cet édifice, porté par la danse, qui a enfin - diront certains - sa place à part entière dans la métropole. 

«La danse est au coeur de la cité! Je trouve ça emballant d'être placé ici, de sentir le pouls de la ville. Les Montréalais sont chanceux d'avoir accès à ce lieu», estime Francine Bernier, directrice générale de l'Agora de la danse.

L'endroit se veut rassembleur, avec un café - bientôt en fonction - et un restaurant avec terrasse donnant sur la place des Festivals (ouverture prévue en 2018), géré par Les Grands Ballets, ainsi qu'un café-bar commun à l'Agora et à Tangente, où les spectateurs pourront s'arrêter avant ou après un spectacle pour prendre un verre et manger une bouchée.

«C'est un legs pour Montréal, quelque chose qui va rester et qui va avoir un impact non seulement au sein de la communauté artistique - et pas seulement de la danse, car c'est un espace qui est ouvert à toutes les formes d'art -, mais aussi sur l'ensemble de la collectivité. C'est réellement une "déghettoïsation"», croit Alain Dancyger, directeur des Grands Ballets canadiens, citant les activités du Centre national de danse-thérapie ou le Grand Atrium qui pourra servir au milieu des affaires.

Une «renaissance»

Dire que les anciens locaux des Grands Ballets canadiens étaient vétustes est un euphémisme. «On est passé du Moyen Âge au XXIIIsiècle! C'est vraiment une renaissance!», illustre le directeur de l'institution.

L'installation dans cet espace lumineux et tout ce qui vient avec - nouveaux studios, nouvel espace pour la confection de costumes, nouveaux meubles - amènent une ambiance positive, qui déteint sur tout, constate ce dernier. «C'est excitant, et ça se sent chez les danseurs, les employés et même nos partenaires, qui sortent d'ici énergisés.»

Cette renaissance coïncide avec la volonté du nouveau directeur artistique, Ivan Cavallari, d'ouvrir les portes de la compagnie au public.

«Cette nouvelle bâtisse va nous permettre d'entrer au coeur de la ville, et au public aussi d'entrer dans notre ambiance», indique Ivan Cavallari, directeur artistique des GBCM.

Le directeur artistique évoque la possibilité d'accès à des répétitions, de classes ouvertes, de rencontres avec les danseurs, etc.

Favoriser les échanges

Si, pour l'instant, tous sont affairés à bien s'installer et à préparer l'automne, il semble évident pour toutes les parties que cette proximité nouvelle mènera à des échanges, à des collaborations artistiques, mais aussi, pourquoi pas, communautaires, évoque M. Dancyger. «Ce qui est intéressant, c'est qu'on est dans des formes complémentaires, donc ça crée beaucoup de potentiel.»

Pour l'Agora et Tangente, la filiation est naturelle. Les deux organismes travaillent de concert sur plusieurs projets depuis quelques années et leur proximité nouvelle ne fera que consolider leurs liens, croit Mme Bernier. Dans le nouvel édifice, ils partagent plusieurs espaces, alors que les échanges et prêts seront bien sûr possibles. 

En tout, trois espaces (Orange, Bleu et Vert) et un studio de répétition sont à leur disposition, sans compter l'espace Rouge, dont la priorité va aux Grands Ballets, mais où l'Agora présentera notamment la nouvelle création de Josée Navas.

Chaque espace a été soigneusement pensé en collégialité; chacun peut s'adapter à une multitude de situations et se transformer, à l'envi, en laboratoire, salle à l'italienne, boîte noire, boîte blanche...

«Les salles sont polyvalentes et s'utilisent de toutes les façons possibles. C'est ainsi qu'on l'a voulu. Ça multiplie par trois ou quatre nos possibilités! Et quand je dis nous, je parle du milieu de la danse», explique Francine Bernier, directrice générale de l'Agora de la danse.

Mais qu'en est-il de la rencontre entre ballet et danse contemporaine, deux mondes qui peuvent sembler aux antipodes? «Pour le moment, on se concentre chacun à 100 % sur nos nouveaux projets, on met la machine en marche. Ensuite, il faudra regarder si, tous les trois, on peut faire quelque chose ensemble... Peut-être!», lance Ivan Cavallari.

«Le défi sera de voir si on peut faire un lien entre le ballet et la danse contemporaine. Où se rejoint-on? La question est là, il n'y a pas encore de réponse. Nous, on a envie de l'essayer, de discuter avec nos collègues du ballet et de voir ce qu'on pourrait faire ensemble», conclut Mme Bernier.

À l'occasion des Journées de la culture, le 30 septembre, l'édifice Wilder organise une journée «portes ouvertes», avec accès libre aux espaces des quatre institutions.

Québec inaugure sa Maison pour la danse

La capitale a désormais elle aussi sa Maison pour la danse. Inauguré cette semaine, le projet de 5,4 millions de dollars est une initiative du Groupe Danse Partout et réunit plusieurs acteurs du milieu de la danse de Québec, qui y seront en résidence permanente : Le Fils d'Adrien danse, Danse K par K, Alan Lake Factorie(s), La Rotonde et L'Artère. L'espace est voué à la création et s'est doté d'espaces (dont six studios) permettant recherche, production, perfectionnement et diffusion de spectacles intimistes. Pour souligner l'ouverture, l'endroit organise des festivités du 5 au 9 septembre. Pour l'occasion, des activités gratuites autour de la danse seront proposées - dont des spectacles, performances et expositions.