Véritable classique du répertoire de ballet ukrainien, Le mariage de Figaro est inlassablement présenté chaque année par le Ballet national d'Ukraine depuis sa création, en 2003. La Presse a passé une journée dans les coulisses de la Place des Arts avec les 40 danseurs de la compagnie invitée par les Grands Ballets canadiens de Montréal à se produire jusqu'à samedi à la salle Wilfrid-Pelletier.

UN CLASSIQUE

On ne compte plus le nombre d'opéras ayant repris la comédie de Beaumarchais. Mais il n'existe que deux ballets inspirés du Mariage de Figaro: celui du chorégraphe Victor Yaremenko pour le Ballet national d'Ukraine et celui d'Andrei Petrov du Kremlin Ballet Theatre.

Créée en 2003, la proposition en deux actes de Yaremenko est avant tout construite autour de la musique de Mozart. «Elle a été la base de mon travail chorégraphique. Ce sont les points forts musicaux qui m'ont guidé dans le choix des actions de danse. Ainsi, le public qui voit le spectacle a l'impression que la musique a été créée spécialement pour ce ballet!», explique le chorégraphe, qui a décidé d'appuyer le côté vaudeville du Mariage de Figaro. Un choix qui demande aux danseurs des qualités d'acteur tout en maintenant un haut niveau technique.

«Faire rire le public est beaucoup plus compliqué que de le faire pleurer. C'est un ballet assez classique avec une grande difficulté technique, surtout pour effecteur le pas de deux de la fin », précise la maîtresse de ballet Tetiana Beletska.

UN HOMME POUR UN RÔLE FÉMININ

S'il est resté fidèle au livret de Beaumarchais, Victor Yaremenko s'est tout de même permis un écart de taille en y ajoutant une scène, Le songe de Marceline, afin de permettre une plus grande implication de la part du corps de ballet.

«Marceline s'endort et rêve qu'elle danse avec Figaro, de qui elle est amoureuse, car elle ne sait pas que c'est son fils. Pour accentuer l'importance de son rêve, tout le corps de ballet, composé de 24 danseurs, porte les mêmes costumes qu'elle et Figaro», explique-t-il.

Mais la particularité du ballet de Yaremenko réside avant tout dans le personnage de Marceline, dansé par un homme. «Que ce soit dans son songe ou lors du mariage, Marceline est dansée sur pointes. Même si les solistes dansent très bien, c'est toujours Marceline qui reçoit le plus d'applaudissements. Et quand il salue, sa perruque tombe!», raconte le chorégraphe, qui explique son choix par la nécessité d'ajouter au grotesque de la pièce.

Un défi de taille pour Vitalii Netrunrnko, l'interprète de ce rôle depuis maintenant trois ans. «Je comprends maintenant à quel point les filles investissent beaucoup de travail et d'effort et à quel point ça peut être douloureux de danser sur pointes. Une fois sur scène, elles sont gracieuses et légères, mais il y a beaucoup de travail derrière. Ce n'est pas pour rien qu'on associe en Ukraine le travail des ballerines à celui des mineurs!», lance le danseur.

«Vitalii effectue des pas de femmes que 90 % des hommes ne peuvent pas faire. Ç'a été très difficile de trouver quelqu'un capable d'interpréter ce rôle», ajoute la maîtresse de ballet Tetiana Beletska.

EN COULISSE

Les 40 danseurs du Ballet national d'Ukraine suivent tous les jours une classe donnée par la maîtresse de ballet de la compagnie, Tetiana Beletska. Avec neuf personnages principaux et 24 danseurs composant le corps de ballet, Le mariage de Figaro compte près de 120 costumes et deux tonnes de décors.

Soliste au sein de la compagnie depuis près de 10 ans, Kateryna Kuhar incarne dans le ballet le personnage de Suzanne, future femme de Figaro, dansé par son partenaire Oleksandr Stoianov.

«Nous dansons ensemble Le mariage de Figaro depuis au moins deux ou trois saisons. Mais on a présenté cette pièce à l'extérieur du pays seulement deux fois, en Macédoine et en Russie», explique la jeune femme. «Suzanne est la servante de la comtesse. Elle est très amoureuse de Figaro et veut l'épouser. Elle plaît beaucoup au comte qui tente de trouver toutes sortes de ruses pour se retrouver seul avec elle. Mais Suzanne est assez stratégique et surtout fidèle à sa comtesse et à son amour envers Figaro. Elle repousse donc ses avances», indique-t-elle à propos de son personnage.

LA GÉNÉRALE

Chef d'orchestre pour les Grands Ballets canadiens de Montréal, Oleksiy Baklan dirige l'orchestre de la compagnie pour Le mariage de Figaro, dont il a concocté les arrangements musicaux pour le Ballet national d'Ukraine. La mythique musique des Noces de Figaro de Mozart accompagne ainsi les danseurs sur scène. «C'est un ballet assez joyeux et drôle. Mais aussi très technique. C'est un des spectacles préférés des spectateurs de Kiev», souligne Oleksandr Stoianov, interprète de Figaro. «Mon personnage est moins dramatique que dans l'opéra, plus tourné vers le vaudeville. Figaro par-ci, Figaro par-là, il est rusé, charmant, intelligent, et arrive à tourner les choses à son avantage», ajoute le danseur.

À la salle Wilfrid-Pelletier, jusqu'au 29 avril