La compagnie de danse Cas public, que dirige la chorégraphe Hélène Blackburn depuis 25 ans, a remporté hier le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal (CAM). Un prix accompagné d'une bourse de 30 000 $.

Mme Blackburn a reçu le prix des mains du président du CAM, Jan-Fryderyk Pleszczynski, qui a salué l'audace et les réalisations de la compagnie de danse qui se consacre au jeune public depuis une quinzaine d'années. L'an dernier, Cas public a donné 117 représentations de ses spectacles dans une quarantaine de théâtres, dont l'Opéra national de Paris, le Royal Opera House de Londres et le Lincoln Center de New York.

La directrice artistique et générale de Cas public était radieuse en recevant son prix. «Le fait de faire de la danse, mais en plus pour un jeune public, c'est presque disqualifiant, nous a-t-elle dit en riant à la fin de la cérémonie. Sérieusement, c'est une belle reconnaissance et un appui à la démarche qu'on a entreprise, avec tous les risques que ça comportait», s'est-elle réjouie.

«Quand j'ai commencé à faire des créations de danse jeune public, les gens me disaient: tu ne seras jamais reconnue, a poursuivi Hélène Blackburn. La vie nous a prouvé le contraire. On a été à l'Opéra de Paris pour la quatrième fois cette année! On a présenté notre Symphonie dramatique [une relecture de Roméo et Juliette] à Londres et à New York. Que voulez-vous, nul n'est prophète en son pays.»

En 2016, Cas public a également présenté ses pièces Gold, une interprétation des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach et 9, inspirée de la symphonie de Beethoven. La compagnie a aussi été très présente au Québec et ailleurs au Canada.

Les jeunes, un «vrai public»

Dans son allocution de remerciements, Mme Blackburn a dénoncé les nombreux préjugés à l'égard des arts jeune public au Québec, affirmant qu'il s'agissait d'un «vrai public», «entier» et «présent». Elle a défendu ses choix artistiques en disant qu'elle avait choisi une voie «moins publique, moins visible et moins connue».

Paradoxalement, Cas public est très «visible» en Europe, où de nombreux théâtres programment les créations de la compagnie.

«Les oeuvres pour l'enfance et la jeunesse sont aussi des oeuvres pour les adultes, qui permettent le dialogue entre les générations et les cultures. C'est l'un des aspects les plus importants de la création. En Europe, toutes les grandes maisons de théâtre ou de ballet ont une programmation artistique jeune public.»

Cas public vient d'ailleurs de recevoir une commande du Ballet de l'Opéra national du Rhin, à Mulhouse, en France. Cette nouvelle création, baptisée Les beaux dormants, sera une libre adaptation de La belle au bois dormant. Elle sera présentée en février 2018.

Au rayon des adaptations «dansées» de contes populaires, Hélène Blackburn a aussi créé Suites curieuses, inspirée du conte du Petit chaperon rouge, et Le cabaret dansé du vilain petit canard.

L'organisme Culture pour tous, dirigé par Louise Sicuro, le Festival BD de Montréal, mené par Johanne Desrochers, la Galerie B-312 (pour sa contribution à la rétrospective Pierre Ayot), et le Théâtre Mainline, producteur du Festival Fringe de Montréal, étaient les autres finalistes. Ils sont quand même repartis avec une bourse de 5000 $. L'an dernier, ce sont Les 7 doigts de la main et le Musée d'art contemporain (MAC) qui ont reçu le Grand Prix (ex aequo).

photo fournie par cas public

Suites curieuses est inspirée du conte du Petit chaperon rouge.