C'est en catimini que les premiers occupants d'Espace Danse de l'édifice Wilder ont emménagé la semaine dernière dans leur nouvelle maison. Situé en plein coeur du Quartier des spectacles, ce lieu marque un tournant dans l'histoire de la danse à Montréal. La Presse a visité en primeur ces installations et studios tant attendus.

Depuis mercredi dernier, les équipes de Tangente et de l'Agora de la danse s'installent dans leurs bureaux flambant neufs d'Espace Danse de l'édifice Wilder. Situé sur la rue De Bleury, en face du cinéma Impérial et à côté du futur édifice de l'ONF, Espace Danse est le lieu commun de quatre organismes de la danse, dont l'École de danse contemporaine qui s'installera en janvier. Quant à la centaine de danseurs et membres du personnel des Grands Ballets canadiens, ils débarqueront en juin prochain.

«C'est une étape très importante pour nous, dit Stéphane Labbé, directeur général de Tangente. Ça change tout. C'est un grand moment.» Sa collègue Francine Bernier, directrice générale et artistique de l'Agora de la danse, abonde dans ce sens. «Ça nous propulse, ça nous amène ailleurs. On quitte le Plateau [l'Agora était située sur la rue Cherrier] pour aller au centre-ville, là où ça bouge. Pour nous, ça va faire une énorme différence.»

Lors du passage de La Presse mardi dernier dans l'édifice Wilder, plusieurs dizaines d'ouvriers s'affairaient à terminer les travaux dans les pièces nombreuses et spacieuses avant l'ouverture officielle, prévue le 21 février prochain. Les impressionnants travaux de transformation de cet édifice ont commencé il y a environ trois ans. C'est l'architecte Michel Lapointe, de la firme Lapointe Magne + AEdifica architectes, qui a été chargé de la réalisation de ce projet qui a comporté plusieurs défis. Citons seulement la présence de nombreux planchers spécialement conçus pour la danse et soutenus par une matière caoutchouteuse.

L'Agora de la danse et Tangente disposent d'une salle de spectacle à géométrie variable de 160 places, ainsi que de deux espaces de création qui pourront également servir de salles de spectacle pouvant accueillir de 50 à 100 spectateurs. De plus, l'Agora de la danse mettra à la disposition de ses chorégraphes invités une salle de répétition.

De son côté, l'École de danse contemporaine disposera de quatre studios voués à la formation professionnelle des jeunes danseurs interprètes, d'une salle d'entraînement dotée d'appareils à la fine pointe de la technologie et d'une médiathèque ouverte à la communauté de la danse.

Quant aux Grands Ballets canadiens, ils ont une grande salle de production et plusieurs salles de répétition. Leur lieu de diffusion demeure la Place des Arts. Ces quatre organismes de la danse occuperont les six premiers étages de l'édifice Wilder. Les trois derniers accueilleront le ministère des Affaires culturelles du Québec, le Conseil des arts et des lettres du Québec, ainsi que la Régie du cinéma.

Un espace pour tous

Si Espace Danse abritera officiellement quatre organismes du 5e art, il bénéficiera à l'ensemble du milieu de la danse au Québec. 

«Une soixantaine de spectacles sont soutenus chaque année par l'Agora de la danse et Tangente. Tous ces créateurs pourront jouir de ces installations ultramodernes», affirment Stéphane Labbé et Francine Bernier.

Les danseurs-interprètes qui fréquenteront Espace Danse auront accès à une salle de soin et à l'aide professionnelle d'un ostéopathe et d'un massothérapeute. «Tous les danseurs vivent avec des blessures, explique Francine Bernier. C'est essentiel d'avoir cela.»

Il y aura aussi une cuisine commune pour les danseurs et les membres du personnel. «Ce lieu sera le point de rencontre de tous les danseurs, dit Stéphane Labbé. On veut favoriser les échanges.»

La philosophie même d'Espace Danse semble reposer sur l'échange et le partage. «Oui, chaque partenaire a ses locaux et ses studios, mais on a l'intention de tout partager.»

Une ouverture en grande pompe

Les organismes qui occupent Espace Danse s'affairent déjà à préparer la soirée d'ouverture du 21 février prochain. Pour l'occasion, une jeune chorégraphe montréalaise présentera une oeuvre originale. «D'autres évènements auront lieu dans les différentes salles, dit Stéphane Labbé, directeur général de Tangente. On veut faire en sorte que les spectateurs circulent dans les différentes salles et découvrent les lieux.»