Il brille déjà en tant qu'interprète depuis de nombreuses années, dansant pour Jiří Kylián, Ohad Naharin et Crystal Pite. Mais le New-Yorkais Bryan Arias a encore tout à prouver en tant que chorégraphe. Il sera de passage à la Cinquième Salle de la Place des Arts, à compter de ce soir, avec a rather lovely thing, nouvelle pièce d'une heure pour quatre danseurs.

Vous avez dansé pour les plus grands chorégraphes contemporains. À quel moment avez-vous réalisé que vous aviez envie de créer vos propres chorégraphies?

En tant que danseur, je crois avoir atteint le sommet de ma carrière en entrant au Nederlands Dans Theater. J'ai passé quatre ans là-bas et j'ai eu la chance de travailler avec des chorégraphes incroyables. Mais, à ce moment-là, j'ai atteint le point où être sur scène ne suffisait plus. La mission d'un interprète est de filtrer l'information et de donner vie à la vision et à la voix du chorégraphe. Je voulais avoir le contrôle là-dessus, créer ma propre poésie. Je voulais utiliser l'inspiration qui a fait de moi un danseur d'une façon nouvelle - plus seulement à travers mes mouvements, mais aussi dans la structure.

Vous avez créé Arias Company en 2013. Où situez-vous cette nouvelle pièce dans votre parcours de chorégraphe?

C'est ma seconde création, mais ma première pièce d'une heure. Je voulais me mettre au défi, repousser mes limites et inviter le public dans mon univers, ma poésie. Je voulais réfléchir à la notion du temps, au fait que nous, êtres humains, sommes inscrits dans un processus de retour inévitable à la poussière, comme tout ce qui nous entoure. Je ne crois pas que ce soit morbide. Je trouve même que c'est beau! Dans a rather lovely thing, il est question de trouver quelque chose de magnifique dans le temps qui passe.

Pourquoi avoir appelé cette pièce a rather lovely thing («une chose plutôt jolie»)?

Je me rappelle vaguement avoir trouvé le titre avant même d'avoir terminé la création. Je me disais que peu importe l'idée ou l'explication narrative que je trouverais pour cette pièce, pour décrire le lien qui existe entre les gens, ce serait «une chose plutôt jolie». J'aimais aussi la neutralité qu'évoque ce titre.

Quelle relation avez-vous avec le temps, en tant qu'artiste?

J'ai récemment passé le cap de la trentaine et j'ai trouvé ça génial! J'avais ça en tête pendant que je créais. Au moment où je vous parle, je suis sur la scène du Nederlands Dans Theater, là où j'ai commencé en tant que danseur. Mais j'y suis maintenant en train de chorégraphier une nouvelle création. À 30 ans, je vis une sorte d'état de grâce: je ressens moins de pression qu'avant, je suis plus patient. On retrouve tout cela dans a rather lovely thing...

Retournons donc dans le passé! Qu'est-ce qui vous a donné envie d'être danseur?

J'avais probablement 5 ans quand j'ai fait mes premiers pas de danse à Porto Rico en regardant une émission de télévision qui avait son propre groupe de salsa. J'étais hypnotisé par les danseurs qui l'accompagnaient. J'ai appris les pas comme si c'était ma seconde nature! J'aimais l'attention que la danse me procurait. Je me sentais comme une éponge: je reproduisais tous les mouvements que je voyais!

Vos racines semblent faire partie de vos grandes inspirations...

Le parcours de ma mère a toujours été mon inspiration et mon moteur. Elle a grandi au Salvador dans la pauvreté, sans éducation, et a décidé d'immigrer aux États-Unis à 16 ans. Je suis le fils d'une immigrante et j'ai appris à apprécier la vraie valeur des choses. Elle a toujours poussé mon frère et moi à faire ce qu'on aimait. C'est pour nous donner cette chance qu'elle a quitté son pays, et elle a même failli en mourir.

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À la Cinquième Salle de la Place des Arts, du 11 au 15 octobre.