Un vent de changement soufflait hier à la Place des Arts alors que Les Grands Ballets canadiens de Montréal ont dévoilé leur nouvelle programmation, mais surtout leur nouveau directeur artistique. Fraîchement débarqué à Montréal la veille, Ivan Cavallari a découvert sous nos yeux le Théâtre Maisonneuve où il passera sans doute beaucoup de temps à partir du 1er juillet prochain - date à laquelle il reprendra officiellement le flambeau de Gradimir Pankov. La Presse a tenté d'en savoir un peu plus sur le danseur étoile et chorégraphe italien de 52 ans.

Après avoir assuré la direction du West Australian Ballet puis du Ballet de l'Opéra national du Rhin, pourquoi avoir choisi de poursuivre votre carrière ici?

Je quitte une institution liée à un Opéra. Je retrouve à Montréal quelque chose de très similaire à ce que je faisais en Australie où j'ai pu construire plein de belles choses. J'avais envie de retrouver une compagnie dans laquelle on peut encore s'éclater.

À quoi ressemble le «style Cavallari»?

Je ne suis pas lié à un style en particulier. En 2016, on devrait concevoir l'art de manière générale. Je cherche ma vision pour la compagnie. C'est comme un puzzle: on contacte des artistes, des chorégraphes et ça se forme. La chose la plus importante est de s'intégrer pour pouvoir développer avec l'équipe et chercher une nouvelle identité. On va continuer sur le même chemin dans un premier temps et je vais apporter mon propre style petit à petit.

Envisagez-vous des changements au sein de l'équipe?

Je ne vire personne! (rires) Après, c'est une question de chimie. Ça marche ou ça ne marche pas. Je n'ai jamais demandé à un danseur de me suivre. Si un interprète me sollicite pour un contrat et qu'il y a de la place, ça me fera plaisir de l'accueillir. Mais ce n'est pas dans mon habitude de faire le ménage et de reprendre les gens avec qui j'ai l'habitude de travailler. Il faut apprendre à «se connecter» avec les nouveaux danseurs.

Pensez-vous qu'il sera difficile de faire votre place après les 18 années de Gradimir Pankov à la direction?

C'est une maison déjà bien formée avec des murs assez solides. Par expérience, ça prend environ trois ans pour établir un nouveau rapport, une familiarité confortable pour travailler. Ça dépend aussi de l'ouverture de tout le monde. Au début, il y a toujours des gens qui veulent partir alors que de nouveaux danseurs vont vouloir intégrer l'équipe. Les artistes ont toujours la valise à la main!

Vous êtes patient avec les gens réfractaires au changement?

J'aime bien donner une deuxième, une troisième et même une quatrième chance. Mais j'apprécie aussi qu'on m'en donne une.

Comptez-vous présenter certaines de vos créations comme Dolly ou Pinocchio?

Pour le moment, ce n'est pas ma priorité, mais il est certain que je veux me retrouver en studio avec les danseurs parce que ce rapport est ce qui est le plus beau.

Quelle est la plus grande force des Grands Ballets canadiens?

Il y a un style assez fort tourné vers la modernité et le style contemporain. Je pense qu'il y a aussi une très forte base classique qui peut encore être développée. J'aimerais rester sur une qualité artistique qui permettra de toucher tous les styles.

Que pensez-vous de la programmation 2016-2017, qui vient d'être lancée?

Gradimir Pankov fait cette saison une sorte d'hommage à sa carrière. C'est comme une boîte de bonbons avec différents goûts. Ce sont toutes des pièces que je connais bien.