Les Ballets Jazz de Montréal présenteront vendredi soir à l'Usine C un programme inédit en deux volets dans le cadre de la Soirée contact, évènement-bénéfice visant à soutenir la relève. On y découvrira Rouge et Kosmos, deux créations de la compagnie que le public pourra découvrir début décembre 2015 au Théâtre Maisonneuve. Entrevue avec Louis Robitaille, directeur artistique des BJM.

Lors de notre dernière rencontre, vous disiez vouloir développer l'apport philanthropique aux BJM pour les rendre moins dépendants des subventions, mais aussi faire plus de créations présentées à Montréal. Qu'en est-il aujourd'hui?

Depuis deux ans, on a fait une avancée importante. Nous pouvions créer 45 minutes de matériel chaque année, et on est passés à 90, ce qui a d'ailleurs donné lieu à Kosmos et Rouge. On ne cachera pas que les subventions sont toujours une part importante de notre budget. Nous avons maintenant chaque année deux soirées-bénéfice: notre traditionnel bal et la Soirée contact, qui en est à sa troisième édition. Cette dernière permet financièrement aux BJM d'accueillir un stagiaire grâce à la bourse Eva von Gencsy.

Pourquoi présenter Rouge et Kosmos en première à Boston et New York, et non à Montréal?

Depuis que je suis aux BJM, on a toujours présenté les oeuvres à l'extérieur pour les roder avant d'arriver à Montréal. C'est la ville la plus stressante, la plus angoissante! On n'a présenté Rouge que deux fois à Boston, et j'ai une série de modifications à apporter au ballet. Ça serait dommage d'arriver à Montréal avec une création qui n'a pas atteint sa maturité. Pour les 40 ans de la compagnie, en septembre 2012, on est arrivés avec de nouvelles chorégraphies que nous n'avions presque pas présentées ailleurs, et je peux vous dire que ma chemise était trempée!

Que pouvez-vous dévoiler à propos de Rouge et de Kosmos?

On connaît le vocabulaire de Rodrigo Pederneiras, qui a chorégraphié Rouge. Son approche est plus ethnique, tribale et viscérale. Rouge se veut en quelque sorte un hommage à la musique traditionnelle amérindienne. La gestuelle du ballet abstrait de Rodrigo allait bien avec cette musique qu'on voulait utiliser. Il a passé au moins 10 semaines à Montréal cet été. Kosmos a été créé par le Grec Andonis Foniadakis. Il nous entraîne dans un milieu plus urbain et chaotique. Le public va ressentir le chaos organisé d'un centre-ville à l'heure de pointe, cette quête de performance et de production perpétuelles propre à notre société. Un monde dans lequel la faiblesse n'a pas sa place. Ces deux créations s'inscrivent dans une véritable roue infernale d'énergie.

Vous étiez en pourparlers avec des chorégraphes comme Sidi Larbi Cherkaoui et Édouard Lock pour vos prochaines créations. Qu'en est-il aujourd'hui?

On a dû reporter notre collaboration avec Sidi Larbi Cherkaoui. Je travaille sur trois nouvelles idées en ce moment pour la saison 2017-2018. Sinon, dans un avenir plus rapproché, Éric Gauthier devrait être avec nous l'an prochain pour une création. Nous sommes aussi en plein travail avec le couple montréalais Kristen Cere et François Chirpaz.

Deux ans après sa nomination, le directeur général des BJM Jay Rankin a été remplacé par Ginette Gaulin. Pourquoi?

Jay Rankin est parti en juin dernier pour des raisons professionnelles et personnelles. Si sa famille avait déménagé à Montréal avec lui, ç'aurait sans doute été plus facile. Les allers-retours peuvent devenir un peu lourds, disons. Plusieurs éléments nous ont conduits à prendre cette décision.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Louis Robitaille, directeur artistique des BJM.