Après avoir plongé son jeune public dans un atelier d'artiste avec L'atelier en 2011, la chorégraphe Hélène Langevin et sa compagnie Bouge de là ont choisi de placer au centre de leur création un lieu de rêverie et de solitude, un terrain de découvertes et de jeux pour l'enfant: le lit. Le nouveau spectacle de 55 minutes d'Hélène Langevin sera de passage le week-end prochain sur la scène de l'Agora de la danse avant de poursuivre sa tournée du Québec jusqu'au mois de mai.

On y rêve, grandit et imagine les scénarios les plus fantastiques: la chambre d'enfant est un lieu privilégié d'intimité, de la naissance à l'adolescence. C'est de ce constat qu'Hélène Langevin est partie pour créer Ô lit!, qui présente quatre moments de l'enfance déclinés à travers quatre tableaux sur scène. «On naît et on meurt dans un lit. Mais j'ai décidé de cibler seulement la période de l'enfance, jusqu'au moment de quitter le nid familial», explique Hélène Langevin.

La chorégraphe explore ainsi quatre tranches de vie pendant lesquelles bébés, enfants et adolescents font de leur lit le territoire de tous les possibles. Le lit devient dès lors un objet symbolique et transitoire, qui permet le passage d'un stade à un autre.

Sur scène, il sera dans un premier temps un cocon dans lequel le nouveau-né continue de grandir et de se développer. La danse raconte alors les étapes du développement de la psychomotricité de la naissance à 1 an, en empruntant la gestuelle de l'enfant, de l'acquisition des premiers gestes d'autonomie jusqu'aux premiers pas.

«Pour les danseurs, il s'agit de désapprendre le mouvement, de briser la coordination et l'aisance du corps pour retrouver les gestes du bébé et leur force originelle. Je leur ai demandé de ne plus être des performeurs, mais de se mouvoir comme des bébés, d'être dans les sensations», précise la chorégraphe.

Du territoire de la découverte, la chambre se transforme ensuite en lieu intime émotionnel où l'enfant apprend à exprimer et à gérer ses émotions, à canaliser son énergie débordante.

Dans ce tableau, une petite fille très fâchée est envoyée dans sa chambre, où elle laisse exploser sa colère jusqu'à briser son ourson préféré. «Sur scène, la jeune fille est entourée de trois danseurs qui, faisant écho à ses émotions, amplifient sa gestuelle colérique. Après la crise, son papa revient dans la chambre et on bascule dans une énergie positive, avec du théâtre d'ombres. Tout se fait avec un drap!», précise Hélène Langevin.

Le lit devient par la suite lieu d'imagination lorsqu'un garçon de 8 ans s'entoure de superhéros et de personnages de films pour tromper l'ennui. Les danseurs y incarnent les situations rocambolesques imaginées par l'enfant avant d'exploiter, dans un dernier tableau, un côté plus circassien à travers l'adolescence.

Captiver le public sans infantiliser

«À chaque moment, le lit se déploie d'une manière différente, avec une tête de lit puis une échelle, jusqu'à se déconstruire totalement pour arriver au lit d'adolescent où la structure devient musicale, un peu comme un parcours urbain», raconte la chorégraphe.

Soucieuse de rendre toujours plus accessible la danse aux plus jeunes, Hélène Langevin pense déjà à sa prochaine création, un abécédaire dansé.

«Le plus grand défi est d'intéresser les enfants sans jamais les infantiliser. Ils n'ont pas souvent accès à la danse, c'est donc important que ce soit varié. Si je peux leur donner le goût de danser en rentrant à la maison, c'est gagné!», conclut-elle.

Ô lit!, pour un public de 4 ans et plus, les 1er et 2 février à 15h à l'Agora de la danse. Chaque représentation est précédée d'un atelier parent-enfant gratuit, animé par la chorégraphe.