Pour les 25 ans de sa compagnie Le Carré des Lombes, la chorégraphe Danièle Desnoyers invite Clara Furey, Karina Champoux et Anne Thériault à reprendre Duos pour corps et instruments sur la scène de l'Agora de la danse. Une oeuvre charnière dans sa carrière, créée au coeur de ses recherches sur la manière dont l'environnement sonore influence le langage des corps.

Pour Danièle Desnoyers, présenter Duos pour corps et instruments dix ans après sa conception avec trois nouvelles interprètes tient plus de la recréation que de la reprise.

«On fait constamment des reprises de pièces, mais ce ne sont pas des recréations à chaque fois. Ici, l'idée est de faire en sorte que les interprètes s'approprient la matière pour amener une nouvelle imagerie, une nouvelle lecture à la pièce», précise la chorégraphe.

Trois nouveaux corps

Alors qu'en 2003, elle avait fait appel à Sophie Corriveau, AnneBruce Falconer et Siôned Watkins, trois interprètes qui avaient marqué son travail, ce sont Clara Furey, Karina Champoux et Anne Thériault qui se prêteront cette fois à l'exercice aussi physique que sonore.

«Quand j'ai pensé à recréer la pièce, il fallait que ce soit avec trois personnes marquantes dans ce que j'ai fait de plus récent, trois personnalités fortes aussi, qui ont du cran.Transposer cette pièce sur d'autres corps, avec une nouvelle génération d'interprètes, 10 ans après, c'est fantastique. Les valeurs de la danse évoluent beaucoup dans le temps et l'émotion prend maintenant encore plus le dessus sur la précision du geste», lance la chorégraphe.

En 2003, Danièle Desnoyers avait chorégraphié Duos pour corps et instruments dans le cadre d'un long cycle de création avec Nancy Tobin, marqué par une relation privilégiée avec l'art du son et de la dissonance. Il s'agit du dernier volet d'une trilogie constituée également de Concerto grosso pour corps et surface métallique et de Bataille.

«Nancy est une fille de la recherche électroacoustique. Le premier travail que j'ai fait avec elle était Concerto grosso pour corps et surface métallique. On explorait alors le rapport de corps sonore et on avait amplifié par une stratégie «lowtech» la friction du corps avec la grande surface métallique sur scène. C'est à la suite de ce projet que le Musée d'art contemporain m'a invitée à créer en résidence Duos pour corps et instruments. J'ai voulu poursuivre nos recherches autour de la délinquance sonore et l'image du rock, de la guitare électrique et du feedback s'est imposée», raconte Danièle Desnoyers.

Trois danseuses assises sur un amplificateur interprètent ainsi trois solos sur une même scène. «Si on parle de duos, c'est qu'elles sont liées à une station sonore [la plupart du temps] par un appareillage similaire à celui d'une guitare électrique, sauf que c'est leur corps qui devient l'amplificateur sonore», précise la chorégraphe.

Les danseuses doivent ainsi bouger avec précision pour produire le son désiré et s'harmoniser au sein des partitions électroacoustiques créées par Nancy Tobin.

Un univers sonore qui contraste avec la féminité exacerbée des interprètes en jupe et talons hauts, aux gestes délicats pour déployer le son provoqué par leur corps.

Autre création

Danièle Desnoyers travaille actuellement sur une nouvelle création, NC14 (titre de travail), qui sera présentée le 15 juin prochain dans le cadre du festival Danse Canada au Centre national des arts d'Ottawa.

«C'est un des plus beaux projets que j'ai eus à faire avec ma compagnie Le Carré des Lombes. Il s'agit d'une pièce pour 10 danseurs dans laquelle on trouve aussi une harpiste et de la musique électroacoustique. Ce sera une belle grande production pour de grandes scènes!», lance avec enthousiasme Danièle Desnoyers.

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Duos pour corps et instruments, du 22 au 24 janvier à 20h, et le 25 janvier à 16h, à l'Agora de la danse.