Le chorégraphe George Stamos et son complice Dany Desjardins se transforment en petits cochons pas toujours très sages dans Liklik Pik, un duo amusant, présenté jusqu'à ce soir à l'Agora de la danse.

Dans ses créations, George Stamos transgresse souvent les genres. Avec Liklik Pik, le chorégraphe reste nettement dans les codes masculins et explore plutôt les rapprochements entre l'homme et la bête, en jouant sur la symbolique du cochon.

Les deux interprètes accueillent le public affublés de têtes de cochons - des cochons plutôt mignons. Dès qu'ils enlèvent leur masque, la pièce glisse vers quelque chose d'un peu plus sexuel, une allusion au porc, symbole de luxure. C'est un micro qui pend lascivement sur des poitrines mâles gonflées à bloc ou le frottement délibéré des micros sur les corps des danseurs (ces sons, échantillonnés en direct, composent une partie de la trame sonore du spectacle).

Remarquez que George Stamos maintient Liklik Pik dans un registre drôle et léger, sans jamais verser dans un ton sordide. Le côté sombre des choses n'est que suggéré, à la dérobée. Il y a, entre autres, ce cochon debout sur deux pattes, qui en promène un à quatre pattes, au son de l'histoire des Trois petits cochons, ou cet homme qui en asperge un autre de son urine.

L'homme et l'animal

Autre moment plus grave: une allusion aux croisements entre l'homme et l'animal, aux expériences transgéniques, tandis que l'air se remplit de grognements et de halètements. La partition dansée, composée le plus souvent d'unissons vifs et fluides, devient encore plus nerveuse et se transforme en une suite de roulades au sol, serrées et obsessives.

À souligner: une délicieuse scène composite, avec le torse en vidéo et les jambes en direct (un procédé utilisé par Stamos dans sa pièce Reservoir-Pneumatic). Sur l'écran, une superposition d'images en transparence mêle l'homme au cochon jusqu'à former une sorte de magnifique bête mythique.

Liklik Pik comprend plusieurs trouvailles; plusieurs images sont fortes et la danse séduit. Mais la pièce laisse, en fin de course, l'impression d'un sujet dont George Stamos a rapidement fait le tour ou que ce chorégraphe parfois bien plus irrévérencieux n'a pas su subvertir davantage. Peut-être s'est-il senti à l'étroit dans l'analogie entre l'homme et l'animal en s'en tenant surtout à la trame du cochon.

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Liklik Pik de George Stamos, à l'Agora de la danse jusqu'à ce soir.