La danseuse Louise Lecavalier signe pour la première fois de sa carrière une oeuvre chorégraphique. Avec So Blue, parfois solo, parfois duo, présenté deux soirs dans le cadre du FTA, elle nous attire en communion avec elle dans une transe vibratoire des plus jouissives. Pari réussi!

À la fin de So Blue, jeudi soir, l'ovation était instantanée et remplie d'un amour sincère pour Louise Lecavalier. Elle occupe, le plus souvent seule et sans fard, la vaste scène dénudée du Théâtre Maisonneuve avec un aplomb et une énergie qui laissent pantois.

Pour sa première incursion à titre de chorégraphe, Louise Lecavalier a eu la sagesse de s'en tenir à une ligne directrice simple qu'elle a exploitée à fond, au son des rythmes technos de Mercan Dede, un de ses artistes fétiches. 

So Blue se décline en une série de trajectoires qui traversent la scène sans relâche. Les accents orientaux de la musique et ses pulsations impriment une qualité vibratoire au corps de Louise Lecavalier. 

L'amour de cette interprète pour la vitesse ajoute à ces déplacements une frénésie communicative. Elle passe et repasse, palpitante, et progresse grâce à une myriade de gestes ténus, à peine esquissés, qui contrastent de manière surprenante avec le niveau d'énergie qu'elle dégage. 

Il lui arrive de se poser, comme lors de cet instant mémorable où elle se tient un long moment en posture du yoga sur la tête, son ventre musclé exposé se creusant au rythme de son souffle. 

Au bout d'un certain temps, Frédéric Tavernini la rejoint sur scène. La juxtaposition de ces corps hors normes, lui immense, avec des proportions improbables, elle toute menue, androgyne, ajoute une nouvelle dimension à So Blue. À deux, ils dégagent une énergie de plus en plus ancrée dans la danse urbaine, habités par le rythme hypnotique de la musique. À un moment, ils se lancent dans une sorte de jive urbain complètement dément.

Louise Lecavalier a le don de se réinventer en restant en phase avec l'esthétique contemporaine. Malgré quelques temps morts et certaines transitions moins fluides, So Blue est vraiment une première initiative emballante.