«Là ça chauffe, j'ai les deux équipes en même temps!»: longue chevelure noire et fine silhouette de danseuse, Blanca Li fonce d'un studio à l'autre dans un grand rire. À 49 ans, dont 20 ans de création, la chorégraphe espagnole dégage une énergie communicative dans ses studios parisiens.

Dans l'un d'eux, huit jeunes danseurs répètent Elektro Kif, un spectacle de danse urbaine qui électrise la salle de La Cigale à Paris jusqu'au 25 avril. Dans l'autre, la création de son nouveau spectacle Robot! démarre à peine.

En 20 ans, la belle Andalouse a gagné un public fidèle, toujours prêt à s'embarquer pour des spectacles dont le point commun est l'énergie positive. «Moi je pense qu'il faut garder la fête comme une chose importante dans la vie», lance-t-elle.

La «Movida» dont elle fut une des figures avec son ami Pedro Almodovar, a beau avoir sombré depuis longtemps dans une Espagne en crise, Blanca Li garde son «peps».

«Ça suffit d'entendre toute la journée que ça ne va pas! On a besoin de lâcher, de se dire OK ça ne va pas, mais le fait d'être ensemble, ça permet de rigoler, de partager aussi».

De tout façon «la danse c'est difficile, je l'ai toujours su», assume-t-elle. De son apprentissage à New York auprès de Martha Graham, elle garde le souvenir de ces «danseurs sublimes qui bossaient le soir dans les restaurants entre deux contrats».

Très vite, elle comprend qu'en Espagne, elle n'a «pas d'avenir»: «il n'y a pas de structure pour la danse, pas de vraie politique culturelle comme en France».

Et puis il y a ... «el amor! La personne avec laquelle je partage ma vie depuis 27 ans est mathématicien et il a eu un poste à Paris», raconte-t-elle.

«Réconciliée avec les machines»

Les débuts sont «très difficiles»: elle envoie des dossiers auxquels personne ne répond. «La première chose que j'ai faite pour rentrer dans le circuit, c'était de louer un petit théâtre au festival d'Avignon dans le Off pour montrer ma première pièce». Nana et Lila est remarqué par des programmateurs et petit à petit, Blanca Li se fait un nom.

Ce «travail de fourmi» porte aujourd'hui ses fruits: en ce début d'année, la compagnie a pas moins de 3 spectacles en tournée, Macadam Macadam (1999) qui a marqué l'histoire du hip-hop, Le jardin des délices (2009), à partir d'un tableau de Jérôme Bosch, et Elektro Kif, né de sa rencontre avec la danse électro.

Inclassable, Blanca Li a aussi signé quatre créations pour l'Opéra de Paris, travaille pour le cinéma (elle a signé la chorégraphie dans l'avion des Amants passagers d'Almodovar), la publicité, la haute couture (Gaultier, Stella MacCartney ...).

Dans Robot!, qui sera créé à Montpellier Danse en juillet, elle invitera sur scène des robots musiciens et un petit humanoïde, Nao.

«J'étais de plus en plus souvent face à une machine, à l'aéroport, à la maison, partout», raconte-t-elle. «Je suis allée au Japon rencontrer des concepteurs de robots, des artistes, et je me suis réconciliée avec les machines».

Plus de 100 performances sont prévues dans le monde pour les 20 ans de la compagnie. À Paris, la fête battra son plein du 20 au 22 septembre: Blanca Li investit le Grand Palais avec la «Fête de la danse».

«Le Grand Palais devient un immense studio de danse, où on peut apprendre la salsa, la danse turque, le flamenco ... On a même fait de la danse bretonne l'an dernier, on a bien rigolé!»