Après Vienne, Berlin et Genève, le chorégraphe Benoit Lachambre présente Snakeskins à l'Usine C jusqu'à demain. Cordes, masques de lutteur, harnais, métal froid et latex - étonnamment, tout ce matériel inquiétant sert à créer à une pièce poétique et fragile.

C'est d'abord la scénographie qui étonne. Benoit Lachambre se tient au centre du point de fuite d'une série de longs fils tendus au-dessus de la scène: la perspective est hallucinante. Attaché par le cou et cintré dans un harnais qui rappelle une cage thoracique, il se cabre et ondoie, flottant parfois à quelques centimètres du sol.

Les fils dirigent notre regard vers ce corps harnaché, mais étonnamment libre et mobile intérieurement. Le grondement de la guitare de Hahn Rowe, présent sur scène, force aussi le spectateur à entrer en symbiose avec Lachambre.

De scène en scène, celui-ci se tient en équilibre sur une brèche qu'il maîtrise depuis longtemps: il sait nous troubler, sans user de procédés gratuits, par sa simple présence, organique et vraie, tout en nous épatant grâce à des revirements spectaculaires et déroutants. La présence de Daniele Albanese, ombre muette et masquée, ajoute à l'étrangeté de Snakeskins. Un reproche: des manipulations, fréquentes durant les transitions, gênent parfois la concentration. Cela dit, Lachambre est assez magnétique pour nous ramener à lui.

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Snakeskins de Benoit Lachambre. Jusqu'à demain à l'Usine C.