Après avoir fait danser Montréal et Mexico, le Grand Continental du chorégraphe Sylvain Émard débarque à New York. La Presse a assisté à une répétition en compagnie de plus de 150 danseurs. Et un, et deux, et trois...

Après un bon mois de répétition à l'intérieur, les quelque 150 danseurs amateurs de la version new-yorkaise du Grand Continental avaient hâte de prendre l'air et de répéter pour la première fois au South Street Sea Port, une grande place au bord de l'eau. Manque de chance, il y avait presque autant d'eau sur l'esplanade que dans l'East River en cette soirée de la mi-mai.

Après quelques tentatives courageuses sous une pluie battante, les danseurs se sont résignés à se réfugier à l'intérieur. Direction: le grand hall de la Léman School, à deux pas de la Bourse de Wall Street. Bien qu'immense, la salle paraissait soudainement exiguë avec tous ces danseurs et leurs parapluies.

Divisés en deux groupes, les danseurs ne se font pas prier pour se mettre en ligne et répéter. «Il n'y a pas de temps à perdre, explique le danseur amateur Leslie B. Dunner. Cela fait déjà un mois qu'on s'entraîne et on n'est même pas à la moitié de la chorégraphie! Certains mouvements sont vraiment bizarres et il y en a beaucoup à apprendre. Vraiment beaucoup!»

Chef d'orchestre de formation, Dunner a l'habitude de travailler avec des danseurs, mais c'est la première fois qu'il lâche la baguette pour faire des pas de danse. Et, même sans tutu, la transition n'est pas évidente, avoue-t-il.

D'autres danseurs, dont Erin Pellecchia, ont moins de difficulté. Comme plusieurs participants, elle a étudié et travaille dans le milieu de la danse. Pour elle, ce projet est une bouffée d'air frais. C'est l'occasion de danser avec toutes sortes de gens: des gros, des petits, des grands, des jeunes, des moins jeunes. «Chaque fois que je quitte le boulot et que je n'ai pas le moral, je viens ici et je retrouve le sourire instantanément», dit-elle.

Les 150 danseurs ont deux mois pour apprendre une chorégraphie de 30 minutes, à raison de deux rencontres par semaine. L'ambiance est bon enfant, mais cela n'empêche pas certains de suer à grosses gouttes.

«Vous savez quelles erreurs vous avez faites, lance le chorégraphe Sylvain Émard au micro. Pensez-y et essayez d'en corriger au moins une. Allez, on recommence!»

Créé pour la première fois à Montréal en 2009 dans le cadre du Festival TransAmériques, le Grand Continental devait être une performance unique. Mais le concept a fait des petits. Après Montréal et Mexico, New York est la troisième ville du continent à l'accueillir.

Philadelphie et Portland suivront, tandis que d'autres villes d'Amérique du Nord et d'Europe ont également fait part de leur intérêt, précise le chorégraphe.

À New York, Émard s'est entouré de huit danseurs professionnels qui l'aident à enseigner la chorégraphie aux amateurs. Son préalable pour ses assistants: la patience!

«Tous ont de l'expérience d'enseignement avec des danseurs non professionnels. S'ils sont passés à travers cela, ils savent ce qui les attend. Et, habituellement, ils sont vraiment enthousiastes. Il y a quelque chose de très gratifiant à voir des gens qui partent de zéro et qui arrivent à accomplir des pas de danse. C'est comme s'ils découvraient un Nouveau Monde», ajoute-t-il.

Les représentations new-yorkaises auront lieu les 22, 23 et 24 juin. D'ici là, une soirée-bénéfice est prévue à Montréal le 3 juin. Pour l'occasion, ce sont des vedettes et des gens d'affaires qui présenteront une version abrégée du Grand Continental.