Dans Petites pièces de poche : grandeur nature de Séverine Lombardo (Les soeurs Schmutt), présenté en ce moment par Danse Cité, le public partage la scène de l'Usine C avec les interprètes. Entre les tableaux, Lombardo exige des spectateurs qu'ils se déplacent pour changer de perspective, guidés par une série de cercles lumineux qui apparaissent au sol. L'action surgit parfois là où on ne s'y attend pas, selon un dosage danse, jeu, vidéo et musique renouvelé.

Dans cette création conçue en collaboration avec six interprètes - les danseurs Élodie Lombardo, Frédéric Gagnon, Claudine Hébert et Jean-François Légaré, et les musiciens Guido Del Fabbro et Robin Pineda Gould, qui signe aussi la vidéo -,Séverine Lombardo diversifie son exploration de la relation entre le corps et la lumière, qui évoque cette fois-ci l'intimité et le partage bien plus que la fantasmagorie de Switch (2006), par exemple.

Chassés-croisés entre danseurs et lampes, poème murmuré partout dans la pénombre, éclairs déchirant la noirceur au son de pas, duo comique cerné par un projecteur de poursuite qui dirige soudainement très loin le regard, superpositions de danseurs et de doubles vidéo, solo de violon radieux... Les tableaux se suivent et ne se ressemblent guère.

Séverine Lombardo réussit à ce que la lumière et les déplacements des spectateurs circonscrivent tant l'espace physique (la forme, la taille et l'orientation de l'aire de jeu varient d'un tableau à l'autre) que les concepts relativement disparates qui sous-tendent chacune des chorégraphies de poche. Certains frappent l'imagination, d'autres sont plus banals ou relèvent de liens corps-lumière souvent exploités.

Par ailleurs, bien que la relation entre interprètes et spectateurs se joue en principe sur 360 degrés, dans la réalité le public est très souvent placé selon une variation du traditionnel rapport frontal. On finit par se demander si cette omniprésente gestion de foule est si cruciale à l'appréciation de la pièce.

De plus, une fois les spectateurs assis, peu d'éléments de l'action les incitent à se déplacer en cours de scène pour changer à nouveau leur point de vue (laissé à soi-même, un public est notoirement statique!). Séverine Lombardo et ses danseurs finissent tout de même par offrir, en fin de parcours, quelques tableaux structurés en poches d'actions simultanées qui ravivent l'attention et poussent à choisir plus activement où porter son regard. Que l'exploration se poursuive!

Petites pièces de poche : grandeur nature de Séverine Lombardo. Jusqu'au 10 mars et du 14 au 17 mars, à l'Usine C.