La chorégraphe Cyndy Van Acker présente, jusqu'à ce soir à l'Agora de la danse, dans le cadre du FTA, deux doublés de solos, Lanx  + Obvie et Nixe + Obtus. Des études exigeantes, graphiques, d'une étonnante beauté formelle...

Lanx  + Obvie

Plancher éclatant; bruit blanc. Dans un coin de la scène, Van Acker est couchée, face par terre... Elle lève doucement les bras, raides comme des ailes d'avion... Ce sera le début d'une lente progression, le corps plaqué au sol. Un rythme s'installe, modulé par les variations dans le niveau de son... Jamais on ne voit son visage, corps désincarné traçant une série d'angles droits. Enfin, la noirceur l'avale; Lanx s'est posé; la table est mise pour Obvie.

Dans Obvie, Tamara Bacci débute debout, le visage bien en vue. Contrairement à Lanx, la progression au sol se fait ronde et sensuelle. Procédé tout aussi systématique que dans Lanx, mais ici Bacci n'a cesse de s'enrouler sur elle-même et de se dérouler. Tout son corps est ouvert. Elle s'arque, se cambre, son ventre se dénude...

Nixe + Obtus

Nixe est un duo entre Perrine Valli et la lumière éclatante de néons. Retour à la gestuelle sémaphore de Lanx, lente, calculée. Jusqu'à ce que Valli plonge littéralement le pied dans la rivière de néons. Et alors Nixe s'embrase d'un érotisme étonnant puisqu'enchâssé dans une scénographie froide, angulaire, et un bruit blanc à la limite du supportable.

Avec Obtus, Van Acker finit de brouiller nos repères. Un coup de grâce splendide. Tel une prestidigitatrice, la chorégraphe et les concepteurs lumière Luc Gendroz et Victor Roy concentrent toute l'attention du spectateur sur une forme incertaine, une bête évanescente qui progresse lentement le long d'une rangée de néons et se dématérialise sous nos yeux ébahis (et fatigués!).

Jeux de perception, saturation des sens exigeant une concentration extrême. Cyndy Van Acker signe ici des solos minimalistes d'une grande richesse poétique.

Lanx  + Obvie, à 16h, et Nixe + Obtus, à 18h, aujourd'hui, à l'Agora de la danse.